A la recherche de Marie Curie
1 Marie Curie, mère de la radiothérapie
D’après l’Institut national du cancer, près de 205 000 patients y ont eu recours en 2016. La radiothérapie, « c’est le traitement des tumeurs cancéreuses par des rayonnements », résume la docteure Youlia Kirova, cheffe de sénologie au département d’oncologie radiothérapie à l’Institut Curie. Il s’agit d’un héritage
2 Record de prix pour une scientifique
En 1903, quelques mois après avoir soutenu sa thèse sur les substances radioactives, Marie Curie partage le prix Nobel de physique avec son mari Pierre (photo ci-dessous) et Henri Becquerel. « Pierre Curie a dû insister pour que Marie l’obtienne aussi », indique Renaud Huynh, directeur du musée Curie. En 1911, elle obtient un second Nobel, seule, en chimie, pour sa découverte du polonium et du radium. Elle reste à ce jour la seule femme deux fois primée. direct des travaux de Marie Curie. « Quand elle arrive à isoler le radium pur [ce qui lui vaut son Nobel en 1911] il est utilisé pour traiter des tumeurs malignes en étant mis en contact avec la tumeur », rapporte Youlia Kirova. Aujourd’hui encore, pour « les tumeurs gynécologiques ou de la prostate au stade précoce, certains cancers de la peau ou du sein », la source du rayonnement est implantée dans la tumeur. C’est la curiethérapie.
3 Le Panthéon sera sa dernière demeure
En 1995, Marie Curie (1867-1934) devient la première femme admise au Panthéon pour ses mérites propres, malgré « une terrible grève des employés des pompes funèbres qui avaient peur d’être victimes des rayons », raconte le biographe Henry Gidel. C’est même elle « qui a permis la panthéonisation de Pierre », selon Renaud Huynh, puisque, quand François Mitterrand a proposé de rendre cet hommage à la scientifique, sa famille a refusé de voir les époux séparés.
4 Pionnière des centres de lutte contre le cancer
Dès la création de l‘Institut du radium en 1909, Marie Curie travaille avec le docteur Claudius Regaud. Elle découvre et il soigne. Leur collaboration se poursuit en 1920 avec la création de la Fondation Curie. Les deux structures deviennent l’Institut Curie en 1970, l’un des 20 centres de lutte contre le cancer existant aujourd’hui en France.
L’Institut Curie, une 5 histoire de dons
En 2016, près de 200000 donateurs, mécènes et partenaires ont participé au financement de l’Institut Curie. L’organisme a collecté plus de 384 millions d’euros, dont près de 49 millions auprès du public. Cette générosité populaire a permis de financer 20 % de la recherche et 2 % des soins de l’Institut. Il est d’ailleurs dans son ADN de pouvoir compter sur cet altruisme, puisque la chercheuse elle-même avait reçu en 1921 un gramme de radium des mains du président américain Harding, obtenu grâce à une collecte populaire.
6 Un modèle de valeurs, pas de résultats
« C’est une grande figure parmi les savants du XXe siècle », affirme Henry Gidel, auteur d’une biographie de Marie Curie. Son palmarès exceptionnel vaut à la chercheuse d’être un modèle, notamment pour sa fille Irène, qui obtient aussi le Nobel de chimie en 1935. Aujourd’hui encore, « Marie Curie est un bon exemple pour favoriser les carrières scientifiques féminines ». Mais il vaut mieux s’inspirer « de sa passion et ses valeurs » que de son « excellence », qui risque de décourager, met en garde Renaud Huynh.
7 La science pour le bien commun
Le Panthéon accueille une exposition consacrée à Marie Curie à partir du 8 novembre : « On a essayé de lui donner une dimension plus humaine, une femme simple, portée par l’amour de la science », déclare Renaud Huynh. Il en veut pour preuve que ni elle ni son mari n’ont « déposé de brevet d’invention sur la séparation chimique du radium ». Selon lui, « l’idée de recherche pure et désintéressée est très ancrée dans le parcours » de Marie Curie. D’après le directeur du musée, elle ne concevait ses recherches que pour le « bénéfice de l’humanité ».
8 La collaboration pour l’innovation
Le partage de son premier Nobel illustre sa façon de travailler. De même, un dispensaire est vite installé à côté de la Fondation Curie. Pour Youlia Kirova, c’est symptomatique : Marie Curie ne travaille pas seule, mais avec de nombreux médecins. « Lacassagne et Regaud ont collaboré [avec elle] sur les tumeurs gynécologiques », « Baclesse sur le cancer du sein », et « Coutard sur le fractionnement » de la radiothérapie. Recherche, soins et enseignement, une combinaison encore d’actualité.