« Un clivage radical entre les pénétrants et les pénétrés »
Olivia Gazalé Enseignante en philosophie et auteure du livre Le Mythe de la virilité (éd. Laffont)
L’un des chapitres de votre livre s’intitule « Entrer : l’exigence de pénétration ». Est viril celui qui pénètre, et non celui qui est pénétré ?
Il ne s’agit pas de porter un jugement de valeur sur ces pratiques, mais d’observer comment elles ont été considérées au cours de l’histoire. Or, dès la Rome antique s’opère un clivage radical entre les pénétrants (les citoyens, les maîtres) et les pénétrés (souvent de jeunes esclaves). Les catégories d’homosexualité et d’hétérosexualité telles que nous les entendons aujourd’hui n’existaient pas. La virilité, c’est la pénétration active; la dévirilisation, c’est la pénétration passive.
Vous citez des insultes comme « Je t’encule » ou « Je te nique » qui, paradoxalement, sont parfois proférées par des non-homosexuels…
De nombreuses métaphores assimilent le pénis à une arme : pistolet, fusil, gourdin… C’est dire que celui qui profère ce type de phrases parle de la puissance de son membre et de sa capacité à anéantir l’autre.
Les hommes devraient-ils se remettre en question ?
L’oppression de l’homme par l’homme, l’homophobie, la confusion entre effémination et homosexualité sont des sujets dont on s’empare trop peu. Il y a un donc vrai travail de pédagogie à fournir sur ce sujet.