La SPA en course pour interdire les corridas
Il n’y a pas de ligne de départ. Ni de ligne d’arrivée. Pas de maillot à pois pour les grimpeurs. Et aucun recordman du meilleur tour. Pour la Société protectrice des animaux (SPA), la corrida n’a donc rien d’une « course de taureaux ». Aussi simple soit-il, ce fondement rhétorique doit lui servir de cadre pour tenter d’obtenir en justice l’interdiction des corridas en France. Selon nos informations, la SPA va en effet annoncer, ce jeudi matin, le dépôt d’une plainte contre X pour actes de cruauté envers les animaux devant le tribunal correctionnel de Paris. Si l’article 521-1 du Code pénal prévoit une peine maximale de deux ans de prison pour ces faits, il précise également que de telles dispositions « ne sont pas applicables aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée ». Une exception qui s’applique également « aux combats de coqs ».
D’autres actions à prévoir
« Ces dernières années, les opposants aux corridas ont surtout attaqué le flou entourant l’expression “tradition locale ininterrompue”. Sans succès, explique Eric Gaftarnik, secrétaire général de la SPA et avocat de formation. A mon sens, les choses sont encore plus simples : une corrida n’est pas une course, mais une mise à mort de taureaux. Les organisateurs ne devraient donc pas être exemptés de poursuites. » Tout dépend de la définition que les magistrats retiendront. Celle du Larousse donnerait plutôt raison à l’association. Elle indique que la corrida est un « spectacle tauromachique au cours duquel des taureaux sont mis à mort ». Rien à voir avec une « course » donc. Mais « le mot course n’est rien d’autre que la traduction de l’espagnol “corrida”, précise Dominique Valmary, le président de la FSTF, fédération qui regroupe 80 sociétés taurines françaises. S’ils n’ont que ça comme argument, on va bien se marrer… » Sauf qu’Eric Gaftarnik prend le sujet très au sérieux. Après avoir planché dix-huit mois dessus, il assure que l’offensive judiciaire de la SPA sur la corrida n’est que la première d’une longue série. « Nous allons également annoncer des actions contre la chasse à courre, les cirques et les laboratoires qui exploitent les animaux, assure-t-il. La question animale fait l’objet d’un élan populaire porteur. » Et il a soufflé jusque dans le sud-ouest de la France. « Le gros problème, c’est le manque de connaissances des gens sur le sujet, déplore Dominique Valmary. Il y a une forme de “parisianisme” à critiquer sans rien savoir alors que l’état de droit nous permet de profiter de notre tradition. » Selon lui, il y aurait 300 corridas organisées en France chaque année. Après cette première plainte contre X, la SPA envisage aussi de les faire citer directement en justice, une par une, à partir de l’an prochain.