Une harmonisation européenne du congé paternité à l’étude
Mieux vaut devenir papa au Portugal qu’en Allemagne. Dans le premier
pays, le congé paternité dure cinq semaines. Dans le second, il est tout bonnement inexistant. Avec ses onze jours accordés, la France, elle, se situe dans la moyenne européenne, de l’ordre de 1,4 semaine selon un rapport de la Caisse d’allocations familiales publié en mai. La question, aujourd’hui, est de savoir si une harmonisation du congé paternité est possible. En avril, la Commission européenne a dévoilé un projet de directive baptisée « Equilibre entre vie professionnelle et vie privée ». Elle propose que tous les Etats membres accordent au moins dix jours aux nouveaux pères. En France, environ 70 % d’entre eux exercent ce droit, selon une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), publiée en 2016. En revanche, « si près de trois pères sur quatre prennent un congé paternité pour un premier enfant, ils ne sont plus que deux tiers à le prendre à partir du troisième enfant », note l’étude. Cela s’explique par le fait que, plus les salariés sont âgés (+40 ans), moins ils ont recours à ce congé. Pour la Commission européenne, « introduire le droit au congé de paternité [dans tous les pays de l’UE] devrait (…) inciter les hommes à assumer une part plus égale des responsabilités familiales ». En effet, les inégalités professionnelles liés à la naissance handicapent souvent les femmes : en France, les pères ne représentent aujourd’hui que 3,5 % des utilisateurs de congés parentaux. Aux yeux de Jérôme Ballarin, président de l’Observatoire de l’équilibre des temps et de la parentalité en entreprise (OPE), ce combat européen représente « un modèle presque civilisationnel. L’être humain trouve son épanouissement dans le travail, mais aussi dans la famille ou les loisirs. Vouloir un congé paternité pour tous les pères en Europe, c’est une forme de progrès social. »
Les inégalités professionnelles liées à une naissance handicapent les femmes.