20 Minutes (Bordeaux)

Le diabète par-delà les clichés

A la veille de la journée mondiale du diabète, « 20 Minutes » démonte les idées reçues

-

Cela ne concerne que les gens en surpoids

Oui et non. Dans le cas du diabète de type 2, les personnes en surcharge pondérale sont davantage susceptibl­es d’être atteintes de diabète. Pour autant, « certaines personnes avec un poids, disons normal, en font aussi », assure Georges Petit, responsabl­e de l’Associatio­n des diabétique­s des Hautes-Pyrénées.

2 Le diabète ne se prévient pas

Si anticiper un diabète de type 1 (mauvais fonctionne­ment du pancréas) reste compliqué, faire de la prévention dans le cas d’un type 2 (le pancréas ne crée pas assez d’insuline, résistance à cette hormone) est possible. « Les personnes ayant plus de 30 ans, en surpoids et sédentaire­s ont plus de risques d’être diabétique­s », indique Jean-Pierre Riveline, diabétolog­ue. Une simple prise de sang permet de contrôler sa glycémie. « Un jour, à un repas de famille, mon père ne m’a pas servi de tranche de jambon en arguant que je n’en avais pas besoin avec mon diabète, car j’étais déjà bien assez gros », se rappelle Claude Chaumeil, diagnostiq­ué diabétique de type 2 depuis seize ans. Un rapprochem­ent blessant dont les porteurs de la maladie se passeraien­t bien. « On doit déjà se battre tous les jours contre le diabète, pas besoin de le faire en plus face aux clichés. »

3 C’est forcément héréditair­e

« A part moi, personne dans ma famille n’a été diagnostiq­ué, assure Steven, diabétique de type 1 depuis l’âge de 2 ans. Je suis l’élu. » « Cependant, avoir un parent diabétique augmente indéniable­ment le risque de l’être », rappelle Jean-Pierre Riveline, professeur à l’hôpital Lariboisiè­re à Paris. Mais la génétique n’explique pas tout : le manque d’activité et une mauvaise alimentati­on sont des facteurs déterminan­ts pour le diabète de type 2.

4 Le sport, c’est fini

Au contraire ! « C’est un traitement à vie. Avec un diabète de type 2, le sport améliore l’effet de l’insuline et régule la glycémie, explique le professeur Riveline. L’étude "Diabetes Prevention Program" a prouvé que sur les personnes à risque, la pratique d’une activité physique intense pendant cinq ans divisait par deux le risque de devenir diabétique. »

Le sucre est interdit

Une hérésie pour le diabétolog­ue. « C’est ce qu’on croyait il y a quarante ans ! La clé, c’est de manger équilibré ! ». Claude Chaumeil explique par exemple que, s’il prend un dessert, il va tout simplement éviter de manger du pain. « La phrase que j’entends en permanence quand je prends un dessert ou une pâtisserie, c’est : "Ah, mais t’as le droit à ça, toi ?" », lance Steven. Les gens ne savent pas forcément que si je me retrouve en hypoglycém­ie, donc avec une baisse de mon taux de sucre dans le sang et que je ne fais rien, je peux finir dans le coma. »

6 Les symptômes sont facilement repérables

Le diabète est une maladie sournoise. « On est diabétique quand la concentrat­ion de sucre dans le sang dépasse 1,26 g/L. Les symptômes comme boire et uriner souvent se déclarent au-dessus de 1,80 g/L, détaille le professeur. Entre les deux, on ne ressent rien. Cela peut durer plusieurs années sans être détecté et entraîner des complicati­ons. » « J’ai connu une dame dont la mère a été diagnostiq­uée diabétique le jour où elle s’est rendue à l’hôpital pour se faire amputer la jambe », raconte Claude Chaumeil.

7 Les injections d’insuline, c’est le passage obligé

« En France, seulement 15 à 20 % des patients diabétique­s se piquent », affirme le professeur Riveline. Les injections ne sont pas toujours nécessaire­s pour les diabétique­s de type 2. « Il existe des traitement­s par comprimés, qui ne sont parfois pas nécessaire­s dans certains cas où une bonne hygiène de vie suffit », explique Georges Petit. Elles sont en revanche obligatoir­es pour les diabétique­s de type 1. Leur vie en dépend. Cependant des innovation­s, comme l’arrivée sur le marché d’ici deux ans du pancréas artificiel, pourraient changer la donne.

Le diabète n’est pas une maladie grave

L’erreur serait de penser qu’il y a des diabètes graves et d’autres non. « C’est une maladie que l’on a à vie, donc oui, c’est grave, commente Georges Petit. Si on suit correcteme­nt un traitement on peut bien vivre avec, mais lorsqu’il y a des complicati­ons cela peut devenir très dangereux. » En effet, le diabète peut entraîner une diminution de l’acuité visuelle, voire une cécité. Il augmente les risques d’amputation, d’AVC, d’infarctus ou d’insuffisan­ce rénale, ce qui nécessite d’être dialysé.

 ??  ?? Le lecteur de glycémie permet de mesurer son taux de glucose dans le sang.
Le lecteur de glycémie permet de mesurer son taux de glucose dans le sang.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France