Les pêcheurs ont un problème
Son petit nom : Mnemiopsis leidyi. Cette drôle d’espèce transparente, aux faux airs de méduse, est en réalité un carnivore vorace, qui a phagocyté certains plans d’eau du sud de la France à ses pieds. Natif des côtes américaines, ce glouton a aujourd’hui débarqué en Europe, transporté accidentellement par les eaux de ballast des navires marchands. Si ce plancton gélatineux n’est pas urticant pour l’homme, et ne pose aucun problème de santé publique, sa prolifération reste inquiétante.
« C’est de pire en pire »
« Il s’agit d’un prédateur carnivore opportuniste, note Guillaume Marchessaux, doctorant à l’Institut méditerranéen d’océanologie qui mène une étude sur le sujet. Il se nourrit de petits crustacés, d’oeufs et de larves de poissons, de crevettes. Il n’a aucune limite de satiété et se nourrit en continu. » Si son omniprésence dans les étangs du sud de la France n’est pas un drame pour l’équilibre environnemental, elle l’est pour la pêche. « Les filets sont colmatés et ne pêchent plus, reprend Guillaume Marchessaux. Le matériel est rapidement dégradé et les prises dans les filets sont asphyxiées, causant une perte économique importante. » « Chaque année, c’est de pire en pire », confie Stéphane Marin, pêcheur professionnel depuis trente ans à Peyriac-de-Mer (Aude), qui a constaté une chute de son activité depuis l’apparition de l’espèce dans le secteur. L’étude menée actuellement par Guillaume Marchessaux et d’autres chercheurs est un espoir pour les pêcheurs. Le but : faire un état des lieux de cette invasion pour proposer des solutions.