20 Minutes (Bordeaux)

La vie déchirée d’un enfant soldat

Luis Marquès s’est inspiré de la réalité pour écrire ce drame

- Caroline Vié

Que peut-on faire d’un enfant soldat devenu adulte après la fin du conflit ? C’est la question que pose L’OEil du cyclone de Sékou Traoré, fiction dramatique où une avocate (Maïmouna N’Diaye) tente de défendre un guerrier (Fargass Assandé) coupable de crimes atroces. Adaptant sa propre pièce pour ce film, Luis Marquès soulève un problème méconnu : celui des 150000 soldats ayant quitté l’armée après y avoir grandi sans qu’aucun programme de déconditio­nnement n’ait été prévu pour eux.

Incapables de se réinsérer

« On tente de sauver les gamins, explique le scénariste à 20 Minutes, mais on laisse des adultes dangereux dans la nature, alors que la plupart sont incapables de se réinsérer. » La confrontat­ion entre l’avocate catholique et l’homme brutal qu’elle va tenter de sauver de la peine de mort est rude. « Est-il seul responsabl­e de la violence qui l’a englouti ? demande le dramaturge. Je laisse le spectateur se faire son opinion en même temps que l’héroïne. » Petit à petit, cette dernière découvre les horreurs subies par son client, de quoi rendre fou n’importe qui. L’oeil du cyclone, qui donne son titre au film, est la prison où se retrouvent les deux protagonis­tes et où ils apprennent à se connaître. « Dans cette cellule, ils sont isolés des cercles du cyclone qui détruit la société africaine », insiste Marquès. Ce qui aurait pu n’être qu’un énième film de procès débouche sur une dénonciati­on de la corruption. « Plus que la pièce, le film permet de montrer ces fameux cercles du cyclone : l’univers carcéral, le tribunal, la ville et la guerre civile, mais aussi le macrocercl­e des intérêts économique­s internatio­naux », précise l’auteur. Souhaitons que L’OEil du cyclone reçoive un accueil chaleureux en France ; cette oeuvre forte le mérite.

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