Simeoni, le nouveau patron corse
Qui dit mieux que 56,5 % des suffrages? Dimanche soir, les autono-
mistes de Gilles Simeoni et les indépendantistes de Jean-Guy Talamoni, rassemblés sous la liste Pè a Corsica (Pour la Corse), ont remporté le second tour des élections territoriales. Une victoire spéciale pour le président sortant du conseil exécutif de Corse. Né en avril 1967 à Bastia, Gilles Simeoni est le fils d’Edmond Simeoni, considéré comme l’un des pères du nationalisme corse. Prônant la paix, le père a pourtant dirigé, en 1975, la première action violente et spectaculaire de la mouvance autonomiste. « J’ai une profonde admiration pour lui et pour son engagement, même si chacun se construit individuellement », considère Gilles Simeoni. Lui a débuté sa carrière en tant qu’avocat, siégeant dans une cour d’assises pour la première fois au cours du procès d’Yvan Colonna, au côté d’Eric Dupond-Moretti. Son point de bascule politique se situe autour de 2007. « Nous avons acté une nouvelle stratégie pour un nationalisme modéré, progressivement validée jusqu’à mon élection en tant que maire de Bastia », se remémore-t-il. Et d’estimer que « l’arrêt de la lutte clandestine par les indépendantistes est un autre point de bascule, cela nous a permis de nous allier ». Jusqu’à la victoire de dimanche soir. Gilles Simeoni devra désormais créer un dialogue avec l’Etat pour faire valoir ses revendications : créer une société plus démocratique qui prendra en compte les particularités culturelles de son « pays ».