« Je suis sincère, je ne triche pas »
La conférence One Planet Summit, le rapport sur NotreDame-des-Landes, son poids au sein du gouvernement... Le ministre de la Transition écologique et solidaire Nicolas Hulot se confie à « 20 Minutes ».
Avant le One Planet Summit mardi, grande réunion d’acteurs internationaux à Paris sur la finance climatique, le ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, a pris le temps de répondre aux questions de 20 Minutes. Il évoque aussi le rapport très attendu des médiateurs sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, mercredi.
Le One Planet Summit n’est-il pas redondant avec la COP23, qui s’est tenue il y a un mois à peine ?
La COP23 était une étape transitoire, celle d’une évaluation méthodologique, pour préparer la COP24 [en décembre 2018 en Pologne], qui devrait, elle, déboucher sur d’importantes annonces. Le One Planet Summit vise un objectif complémentaire, en établissant comme priorité la question des projets concrets à développer, comme la sortie du charbon, les véhicules zéro émission, les énergies renouvelables, et de leur financement. Ce dernier point est essentiel. On innove sans cesse dans des solutions plus durables et décarbonées. La galaxie de la finance doit suivre cette dynamique pour arriver à changer d’échelle dans la lutte contre le réchauffement climatique.
N’avez-vous pas le sentiment que, malgré des effets d’annonces, à l’heure de trancher, les enjeux environnementaux passent toujours à la trappe ? Comme sur le glyphosate, par exemple…
Je ne peux me substituer aux Etats membres européens. Mais, si je n’étais pas intervenu dans ce débat, on repartait avec une utilisation de cet herbicide pour dix ou quinze ans. Et, en France, on se fixe un objectif plus ambitieux pour en sortir en trois ans.
Vos six premiers mois ont été critiqués, par des écologistes, des ONG. L’ancien Nicolas Hulot n’aurait-il pas été lui aussi très critique vis-à-vis de l’actuel ministre ?
Globalement, je n’ai pas d’arbitrages défavorables, mais j’obtiens des choses qu’aucun gouvernement, aucun ministre n’a obtenues. Je n’en tire pas gloriole et je pense que les ministres précédents m’ont aidé à préparer le terrain (…) Dans les médias, il y a un petit jeu qui consiste à dire « Hulot avale les couleuvres », mais, quand on les cherche les couleuvres, on ne les trouve pas. Je n’ai pas non plus changé d’un iota dans mes convictions, dans ma détermination. Ce qui a changé, c’est ma fonction. Elle m’oblige à tenir compte d’un certain nombre de réalités (…) Moi, je veux rendre l’écologie crédible. Ce qui demande parfois de sortir des postures dogmatiques.
Pourtant, on vous entend souvent vous confier sur la difficulté du travail de ministre...
Je suis sincère, je ne triche pas. Oui, c’est difficile, parce que ma tâche est difficile, parce que la situation de l’Europe, du monde, est difficile. Soit on est désinvolte et on tourne dans une forme de cynisme en disant : « Ce n’est pas grave si ça n’avance pas suffisamment vite. » Soit on prend les choses à coeur, et on prend conscience de l’urgence planétaire. Alors, on ne peut pas être serein, car on aimerait que ça aille plus vite. Moi, je préfère la transparence pour expliquer aux citoyens qu’il ne suffit pas d’être ministre pour que tout se règle du jour au lendemain.
Si la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes était validée, pourriez-vous quitter le gouvernement ?
Je n’ai pas encore pris connaissance du rapport. Je prendrai mes responsabilités en fonction de ce qu’il y a dedans (…). Est-ce que ça voudrait dire que j’agiterai toute forme de menace, de démission ? Ce n’est pas ma conception de la démocratie. Je prendrai mes responsabilités en temps utile, mais je n’ai pas à agiter ça en amont, car ça voudrait dire que j’interférerai dans le processus. Quand je dis que je prendrai mes responsabilités, ça peut vouloir dire beaucoup de choses. Et je le ferai en toute conscience, mais chaque chose en son temps.
« Globalement, je n’ai pas d’arbitrages défavorables. J’obtiens des choses qu’aucun ministre, gouvernement, n’a obtenues. » « Oui, c’est difficile, parce que la situation de l’Europe, du monde, est difficile. »