Comment donner aux associations sans rien payer ?
Pour la première fois, une femme va arbitrer un match européen, à l’occasion de UBB-Enisei
C’est bien ça, l’événement du match de Challenge Cup de vendredi soir entre l’UBB et Enisei. Pas le fait que les Bordelais collent (probablement) une trempe aux Russes de Krasnoyarsk, mais qu’à chaque fois qu’un essai sera marqué, il sera validé par Joy Neville. L’Irlandaise va devenir la première femme à diriger une rencontre européenne. « Je suis extrêmement honorée de cette opportunité », a réagi sur son compte Twitter Joy Neville, au moment de l’annonce. Elle se dit aussi époustouflée par tous les encouragements qu’elle a reçus depuis. Ancienne troisième ligne centre du Munster et de l’équipe d’Irlande, elle est devenue arbitre à la fin de sa carrière, en 2014, et a grimpé rapidement les échelons : arbitre de la finale de la Coupe du monde féminine cet été, arbitre de touche de matchs internationaux dont le dernier France-Japon, avant d’être finalement élue, il y a quelques jours, « Arbitre de l’année », par World Rugby, l’instance mondiale du rugby.
La France à la traîne
« Je me dis qu’il fallait que cela vienne d’ailleurs pour le voir », confie Christine Hanizet. Elle a été en 2015 la première femme – et la seule jusqu’à aujourd’hui – à arbitrer en Pro D2, la deuxième division professionnelle. « Les autres pays sont beaucoup plus volontaires. En France, on a toujours des vieilles pensées un peu dépassées, juge-t-elle avant de développer. On doit toujours prouver plus que les autres… Il m’a fallu quinze ans pour arriver en Pro D2 ! » Christine Hanizet espère que l’éclosion de Joy Neville donnera des idées à de nombreuses jeunes filles. D’ailleurs, l’Union Bordeaux-Bègles a décidé d’inviter six femmes arbitres de la région à assister au match. Et pour les joueurs, pas de raison que cela change quoi que ce soit. « Elle doit être tout aussi compétente que ses confrères », estime le pilier Marc Clerc. L’entraîneur des trois-quarts de l’Union Rory Teague est à peine plus bavard : « C’est aussi ça le rugby moderne. Il y a aura peut-être juste besoin d’un peu d’adaptation au début, dans la communication, mais pas grand-chose. » Dans le journal anglais The Telegraph, World Rugby promet que ce n’est qu’un début : « Le rugby féminin prend de l’ampleur, il est important que cela corresponde à l’arbitrage. En ce qui concerne les arbitres, les meilleurs seront nommés sans distinction de sexe. » On a hâte de voir.