20 Minutes (Bordeaux)

Le dopage enraie la machine Chris Froome

Le coureur de la Sky a fait l’objet d’un contrôle antidopage « anormal » au salbutamol

- William Pereira

La nouvelle a secoué le monde du vélo, mercredi au réveil. Christophe­r Froome a subi un contrôle « anormal » au salbutamol (couramment appelé Ventoline, un médicament destiné à traiter l’asthme) lors de la Vuelta, en septembre, ont révélé Le Monde et The Guardian. Le test, confirmé par l’échantillo­n B, fait état d’une concentrat­ion de ladite substance deux fois supérieure à la limite autorisée (2 000 nanogramme­s par millilitre, contre 1 000) et devrait coûter au Britanniqu­e son titre sur le Tour d’Espagne. Quid, maintenant, de l’avenir du quadruple vainqueur du Tour de France. Sera-t-il suspendu? Peut-il s’en sortir ? Froome et la Sky ont déjà esquissé un argumentai­re. « Il est bien connu que je souffre d’asthme, a expliqué le coureur dans un communiqué. Il s’est accentué durant la Vuelta. J’ai donc suivi les recommanda­tions du médecin de l’équipe pour augmenter mes doses de salbutamol. » Le médicament n’a rien d’illégal en soi et est toléré jusqu’à un certain seuil. Cette limite a explosé, mais le Britanniqu­e pourrait, déjà, s’appuyer sur son mode d’administra­tion pour se défendre. « L’effet anabolisan­t [du salbutamol] n’a pas été démontré sur les prises inhalées », explique le médecin du sport Fabien Pillard dans Le Monde. Mais s’il est prouvé que cette substance provient d’une perfusion, d’un comprimé ou d’un suppositoi­re, tout serait plus compliqué. Car, dans ces cas-là, les effets anabolisan­ts seraient attestés. Il est également question de métabolism­e. Si la dose retrouvée dans les urines de Froome correspond à 32 shots de ventoline en l’espace d’une journée, ce n’est peut-être pas aussi simple. « Il se peut qu’un sportif respecte la posologie mais n’élimine que très lentement cette molécule », expose Jacky Maillot, le médecin des équipes de France de cyclisme. Toutefois, si l’on doit en arriver à ces doses pour soigner Froome, c’est que le traitement n’est peut-être pas le bon. « Pour un asthme équilibré, on se limite généraleme­nt à huit bouffées par jour, poursuit Maillot. Pour les doses évoquées, ce n’est plus un traitement normal. Il faudrait se tourner vers des bronchodil­atateurs de durée prolongée avec corticoïde­s. Ceux-ci nécessiten­t un document qui puisse en justifier l’utilisatio­n. » Quant aux sanctions, elles ne devraient, a priori, pas être lourdes. L’Italien Diego Ulissi, dernier coureur en date ayant été pris pour des faits similaires, avait été suspendu neuf mois en 2014. Globalemen­t, les suspension­s n’ont jamais excédé les deux ans. Et, bien souvent, il y a eu seulement disqualifi­cation et avertissem­ent. En revanche, le cyclisme voit sa figure de proue embarquée dans une sombre affaire. L’absence de réactions du peloton – seul Nibali a évoqué « une très mauvaise nouvelle », si le contrôle positif était confirmé – veut tout dire du malaise.

Pour les doses évoquées, ce n’est plus un traitement normal.

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Christophe­r Froome pourrait être déchu de sa victoire sur la Vuelta.

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