Le dopage enraie la machine Chris Froome
Le coureur de la Sky a fait l’objet d’un contrôle antidopage « anormal » au salbutamol
La nouvelle a secoué le monde du vélo, mercredi au réveil. Christopher Froome a subi un contrôle « anormal » au salbutamol (couramment appelé Ventoline, un médicament destiné à traiter l’asthme) lors de la Vuelta, en septembre, ont révélé Le Monde et The Guardian. Le test, confirmé par l’échantillon B, fait état d’une concentration de ladite substance deux fois supérieure à la limite autorisée (2 000 nanogrammes par millilitre, contre 1 000) et devrait coûter au Britannique son titre sur le Tour d’Espagne. Quid, maintenant, de l’avenir du quadruple vainqueur du Tour de France. Sera-t-il suspendu? Peut-il s’en sortir ? Froome et la Sky ont déjà esquissé un argumentaire. « Il est bien connu que je souffre d’asthme, a expliqué le coureur dans un communiqué. Il s’est accentué durant la Vuelta. J’ai donc suivi les recommandations du médecin de l’équipe pour augmenter mes doses de salbutamol. » Le médicament n’a rien d’illégal en soi et est toléré jusqu’à un certain seuil. Cette limite a explosé, mais le Britannique pourrait, déjà, s’appuyer sur son mode d’administration pour se défendre. « L’effet anabolisant [du salbutamol] n’a pas été démontré sur les prises inhalées », explique le médecin du sport Fabien Pillard dans Le Monde. Mais s’il est prouvé que cette substance provient d’une perfusion, d’un comprimé ou d’un suppositoire, tout serait plus compliqué. Car, dans ces cas-là, les effets anabolisants seraient attestés. Il est également question de métabolisme. Si la dose retrouvée dans les urines de Froome correspond à 32 shots de ventoline en l’espace d’une journée, ce n’est peut-être pas aussi simple. « Il se peut qu’un sportif respecte la posologie mais n’élimine que très lentement cette molécule », expose Jacky Maillot, le médecin des équipes de France de cyclisme. Toutefois, si l’on doit en arriver à ces doses pour soigner Froome, c’est que le traitement n’est peut-être pas le bon. « Pour un asthme équilibré, on se limite généralement à huit bouffées par jour, poursuit Maillot. Pour les doses évoquées, ce n’est plus un traitement normal. Il faudrait se tourner vers des bronchodilatateurs de durée prolongée avec corticoïdes. Ceux-ci nécessitent un document qui puisse en justifier l’utilisation. » Quant aux sanctions, elles ne devraient, a priori, pas être lourdes. L’Italien Diego Ulissi, dernier coureur en date ayant été pris pour des faits similaires, avait été suspendu neuf mois en 2014. Globalement, les suspensions n’ont jamais excédé les deux ans. Et, bien souvent, il y a eu seulement disqualification et avertissement. En revanche, le cyclisme voit sa figure de proue embarquée dans une sombre affaire. L’absence de réactions du peloton – seul Nibali a évoqué « une très mauvaise nouvelle », si le contrôle positif était confirmé – veut tout dire du malaise.
Pour les doses évoquées, ce n’est plus un traitement normal.