Une pilule pour arrêter les joints ?
Le Neurocentre Magendie met au point un traitement contre l’addiction au cannabis
C’est un espoir considérable pour les toxicomanes qui souffrent d’addiction au cannabis. Ils sont évalués au nombre d’un million en France et à 20 millions dans le monde entier. Les équipes du Neurocentre Magendie de Bordeaux, dirigé par PierVincenzo Piazza, neurobiologiste reconnu internationalement pour ses travaux sur les addictions, mettent au point un médicament pour soigner la dépendance au cannabis, en collaboration avec la société Aelis Farma créée spécialement en 2013 pour le développer.
Des tests prometteurs
Depuis plus de dix ans, des équipes de recherche du Neurocentre, installé au sein du Neurocampus, planchent sur les effets du cannabis. Elles ont découvert que la consommation de cette drogue déclenchait la production dans le cerveau d’une molécule appelée prégnénolone qui a pour effet naturel de défendre l’organisme contre les effets du cannabis. Mais cette molécule ne peut être utilisée telle quelle car elle est mal absorbée et rapidement dégradée par l’organisme. La société Aelis Farma a été créée en 2013 pour mettre au point un dérivé stable de prégnénolone, soumis aujourd’hui, et pour les années à venir, à une batterie de tests. « C’est la première solution qui bloque uniquement les parties des synapses activées par le cannabis et on observe donc beaucoup moins d’effets secondaires, souligne Pier-Vincenzo Piazza. Chez l’animal, on n’a constaté aucun effet indésirable, même en administrant jusqu’à 7 000 fois la dose théorique efficace. » Lors de ces tests, les animaux dépendants stoppent leur consommation dès la prise du traitement. Des essais cliniques sont en cours depuis six mois aux Etats-Unis et une mise sur le marché de ce médicament psychoactif est envisagée pour 2024.