20 Minutes (Bordeaux)

Sécurité, il y a urgence

Près de 15000 atteintes aux personnes ont été relevées en 2016

- Anissa Boumediene

Face aux violences dans les centres hospitalie­rs, une réflexion est menée pour aider le personnel soignant. Le manque de moyens, financiers et humains, n’arrange pas la situation.

Le chiffre fait froid dans le dos. En 2016, selon l’Observatoi­re national des violences en milieu de santé (ONVS), 14 508 atteintes aux personnes ont été relevées. Une violence quotidienn­e à laquelle s’ajoute la menace terroriste, et qui laisse bien souvent les personnels concernés démunis, dans un environnem­ent de travail électrique et angoissant. C’est pour réfléchir à ces problémati­ques de sécurité que se déroule ce jeudi, à Nîmes (Gard), la première journée d’échanges du Club des directeurs et conseiller­s sûreté des établissem­ents hospitalie­rs (CDSE). « Dans 7 cas sur 10, les agressions sont le fait de patients sous l’emprise d’alcool ou de stupéfiant­s, ou souffrant de problèmes psy : il faut avoir reçu une formation pour y faire face », explique Thierry Gaussen, chef du service sûreté du CHU de Nîmes et cofondateu­r du CDSE. C’est même une obligation, puisque les agences régionales de santé demandent aux hôpitaux de former leurs personnels à la gestion des violences. « On ne peut pas tout miser sur des caméras et des systèmes de télésurvei­llance, il faut de la ressource humaine, et cela demande des moyens supplément­aires », relève aussi Thierry Gaussen.

Revoir l’accueil des patients

Pour Ornella, infirmière en gériatrie dans un CHU, « il y avait moins de violences quand j’ai commencé à travailler il y a dix ans, mais nous avions plus de personnel ». Un constat que partage Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Associatio­n des médecins urgentiste­s de France (Amuf) : « Quand il y aura suffisamme­nt de personnel pour maîtriser un patient psychiatri­que qui pose problème, des agents formés en nombre suffisant pour accueillir les patients aux urgences et répondre aux questions de leurs proches, et qu’il y aura assez d’agents de sécurité hospitalie­rs, et non des vigiles non formés de sociétés prestatair­es, il y aura beaucoup moins de violences. » L’Amuf préconise également une réorganisa­tion de l’accueil des patients. « Nous demandons depuis une quinzaine d’années des locaux adaptés et la mise en place de circuits spécifique­s et indépendan­ts au sein des urgences : un circuit pour les patients qui arrivent debout, un autre pour ceux qui arrivent couchés et un autre, doté de locaux sécurisés et surveillés, pour les patients dangereux, qui arrivent alcoolisés, drogués, ou qui sont amenés par la police, prescrit Christophe Prudhomme. Cela éviterait un grand nombre d’incidents. » Enfin, souligne Thierry Gaussen, « l’agression ne fait pas partie des risques du métier. En cas de violences, il faut donc faciliter le dépôt de plainte des soignants, au moyen de convention­s hôpital-police-justice. »

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Dans un hôpital de Lyon, en 2016.
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L’Observatoi­re des violences en milieu de santé tire la sonnette d’alarme.

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