Comment le césar du public s’est fait une ch’tite place
La nouvelle distinction prend en compte le succès commercial des films
«J’annonce la création d’un nouveau césar qui récompensera le film ayant fait le plus d’entrées dans l’année. Il s’appellera le césar de Dany Boon… euh du public. » Manu Payet ne s’est bien sûr pas trompé lors de l’annonce des nommés de la 43e édition des Césars, mais il aurait déjà pu donner le gagnant du césar du public, qui sera ce vendredi soir à Paris : Raid dingue, de Dany Boon, avec 4,5 millions d’entrées. César sans suspense, ce nouveau prix met fin à une décennie de polémiques.
Faire taire les critiques
C’est en 2008, à l’époque de la sortie de Bienvenue chez les Ch’tis que naît l’idée d’un césar du public, comme l’a reconnu le président de l’Académie des Césars, Alain Terzian, en conférence de presse : « On avait commencé une conversation avec Dany Boon, qui trouve là un premier aboutissement. » Les Ch’tis réunit plus de 20 millions de spectateurs dans les salles, mais ne recueille aucune nomination aux Césars. En coulisses et dans les médias, Dany Boon appelle à la création d’un césar de la comédie, une possibilité écartée car elle encouragerait une multiplication des catégories. Or la cérémonie est déjà assez longue. Le césar du public fait ainsi consensus, et surtout fait taire les critiques, qui, chaque année, rappellent que les films les plus populaires au box-office – des comédies, comme Les Tuche, Camping ou Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ? – ne sont jamais représentés. Mais le césar du public ne prend en compte que la quantité, le nombre d’entrées, et implique qu’aller voir un film, c’est le plébisciter. Or ce n’est pas toujours le cas, comme le montrent les taux de satisfaction des exploitants ou les débats enflammés sur les réseaux sociaux. Le césar du public ne serait-il alors pas plutôt le césar du box-office ?