Et si Juppé remettait ça
A deux ans de l’élection, le maire sortant entretient le suspense sur une possible nouvelle candidature. L’opposition, elle, peine à exister.
Ce devait être son dernier mandat. Et la question d’une candidature en 2020 ne devait même pas se poser. A la manière d’Antoine Rufenacht au Havre, qui avait passé la main en cours de mandat et propulsé Edouard Philippe dans le fauteuil de maire, Alain Juppé avait prévu de faire monter Virginie Calmels à Bordeaux de la même façon. Mais rien ne s’est passé comme prévu. Le maire de Bordeaux a été éjecté des primaires de la droite et du centre. Et le divorce avec Virginie Calmels, qui a rallié le camp Fillon avant de rejoindre Laurent Wauquiez au sommet du parti LR, a été consommé. La greffe Calmels n’avait de toute façon jamais pris à Bordeaux.
Pas avant mi-2019
A deux ans des élections municipales de 2020, et à désormais 72 ans, voilà donc Alain Juppé obligé de se poser la question de repartir ou pas pour un sixième mandat. Nombre de ses adjoints souhaitent qu’il y aille, et ils vont pour cela bientôt déposer les statuts d’une association, Esprit Bordeaux, dont le but sera de « soutenir, amplifier et poursuivre l’action d’Alain Juppé », explique l’un des fondateurs, l’adjoint à la culture Fabien Robert (Modem). « Cette association sera composée d’élus, comme Nicolas Florian, de membres de la société civile, et portée par Ludovic Martinez [le directeur de cabinet de Juppé], explique Fabien Robert. Par ailleurs, nous sommes en train de préparer un bilan de mi-mandat, qui sera distribué dans les boîtes aux lettres d’ici la fin de l’année. Nous faisons en sorte que tout soit prêt, s’il se décidait à y retourner. » Alain Juppé n’aura-t-il donc pas d’autre choix que de se représenter, et de réouvrir le jeu en faisant venir des personnalités de l’extérieur sur sa liste, afin de trouver son successeur? Le maire va encore se laisser le temps de la réflexion. Plusieurs élus juppéistes assurent qu’il ne se positionnera pas avant mi-2019, voire fin 2019. Et l’opposition alors ? A gauche, Vincent Feltesse, largement battu aux municipales de 2014, a annoncé qu’il se représenterait. Mais le fera-t-il avec l’étiquette PS? Rien n’est moins sûr. LREM devrait passer son tour à Bordeaux. Le Front de Gauche et le FN pesaient respectivement 4,6% et 6% aux dernières municipales. « La tendance majoritaire à Bordeaux, c’est la tendance modérée, soutient Fabien Robert. Macron y a fait des scores extraordinaires. Bordeaux, c’est la terre du milieu! »