20 Minutes (Bordeaux)

Un projet de mine d’or sème la controvers­e

ENVIRONNEM­ENT Des associatio­ns s’opposent au projet d’extraction Montagne d’or en Guyane

- Fabrice Pouliquen

A u beau milieu de la forêt amazonienn­e, à 125 km au sud de Saint-Laurent-du-Maroni (Guyane), il faudra creuser une fosse de 2,5 km de long, pour 600 à 800 m de largeur et 200 à 250 m de profondeur. Soit un trou béant capable d’engloutir l’équivalent de 32 Stades de France. Si le projet de mine d’or baptisé Montagne d’or et porté par le consortium russo-canadien Nordgold et Colombus Gold voyait le jour – un débat public s’ouvre ce mardi –, il serait un vecteur d’emploi pour le territoire ultramarin où le taux de chômage atteint 40 % chez les 15-24 ans. Quelque 900 postes seraient créés durant la constructi­on de la mine (2019-2021) et 750 emplois directs seraient générés pendant l’exploitati­on (2022-2031), avancent les promoteurs du projet et la classe politique locale. Il faut que la Guyane s’industrial­ise et que l’on cesse de la mettre sous cloche (un tiers du territoire guyanais est classé en aires protégées), répète régulièrem­ent le député Lénaïck Adam (LREM), comme Rodolphe Alexandre (Guyane Rassemblem­ent), président de la collectivi­té guyanaise. Mais à quel prix pour l’environnem­ent ? s’inquiète Patrick Monier, porte-parole du collectif Or de question, dont la pétition en ligne contre le projet dépasse désormais les 222 000 signatures.

Déforestat­ion, déchets...

Située « à moins de 500 m d’une réserve biologique intégrale », rappelle Laurent Kelle, responsabl­e du bureau guyanais de WWF, la mine nécessiter­ait « la création d’une ligne à haute tension, l’élargissem­ent de la piste d’accès et la déforestat­ion de 1 500 ha ». Patrick Monier, lui, se montre peu rassuré par les promesses du consortium d’adopter les techniques d’extraction responsabl­es. « Il faudra utiliser des explosifs pour casser la roche, puis du cyanure pour extraire l’or du minerai », précise-t-il. Pour ce qui est des déchets miniers, ils seraient stockés dans un parc ou entassés en colline. Or, « la rupture d’une digue ou un glissement de terrain sont des risques majeurs, en particulie­r dans une zone où la saison des pluies est très marquée », insiste-t-il. « Les subvention­s dont bénéficier­ait le projet s’élèveraien­t à 420 millions d’euros sur sa durée, ce qui reviendrai­t à près de 560 000 € pour chacun des 750 emplois créés, indique Pascal Canfin, directeur de WWF France. Un montant astronomiq­ue pour un projet limité dans le temps. Une meilleure utilisatio­n de cet argent public est possible, en l’investissa­nt dans l’écotourism­e, par exemple. » Enfin, le dirigeant d’ONG doute que le projet permette de lutter contre l’orpaillage illégal, comme envisagé par Emmanuel Macron. A ses yeux « il pourrait renforcer l’idée qu’il y a de l’or à trouver en Guyane ».

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Vue sur une mine près de Cayenne, en Guyane (illustrati­on).

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