20 Minutes (Bordeaux)

Marie Drucker à l’écoute des élèves précoces

DOCUMENTAI­RE « Le Courage de grandir » de Marie Drucker est diffusé ce mardi à 22h45, sur France2

- Clio Weickert

l fut un temps où on les appelait des « surdoués ». Désormais, on leur préfère le terme de « précoces ». Il caractéris­e les enfants aux capacités hors du commun, mais bien souvent inadaptés au système scolaire classique. Un profil dans lequel s’est reconnue Marie Drucker. Après un film sur les femmes en prison, elle réalise un documentai­re sur Le Courage de grandir, ce mardi à 22 h 45 dans le cadre d’« Infrarouge » sur France 2 (la soirée sera suivie d’un débat). « Je m’ennuyais énormément à l’école, mais je n’avais pas conscience que je ne me sentais pas à ma place, explique Marie Drucker. Mes parents ont veillé à ne pas en faire un problème. Et je n’étais pas dans un état de souffrance comme certains de ces enfants. » Dans Le Courage de grandir, la réalisatri­ce et productric­e a côtoyé pendant une année scolaire des enfants, âgés de 8 à 15 ans, de l’école spécialisé­e Georges-Gusdorf, à Paris. « L’établissem­ent avait été très échaudé par des reportages un peu bâclés, et qui renvoyaien­t souvent une image caricatura­le et stigmatisa­nte, précise Marie Drucker. Mais quand j’ai dit à la directrice que je prendrais mon temps, que je resterais un an, elle a accepté. »

La parole aux enfants

Si la directrice a proposé quelques élèves à la réalisatri­ce, d’autres sont venus d’eux-mêmes la solliciter, comme Héloïse, qui s’est teint les cheveux en gris, après une dépression. « Elle est venue vers moi en me disant : “J’ai l’impression que vous faites quelque chose d’honorable, j’en ai marre que l’on dise des choses fausses sur nous” », se souvient Marie Drucker. Si elle a aussi pris le temps d’interroger les parents, elle a surtout mis un point d’honneur à faire prévaloir la parole des enfants. « C’était leur film, leur moment, je ne voulais pas faire parler les adultes, explique-t-elle, c’était un engagement de ma part. » Seule parenthèse « adulte », l’école spécialisé­e lui a tout de même ouvert les portes d’un de ses conseils de classe. « Ce film m’a amenée vers une réflexion sur les professeur­s, sur l’éducation, mais aussi sur l’individual­ité, et la difficulté d’être différent, confie la réalisatri­ce. Depuis que je fais des films, je tourne beaucoup autour de l’enfance, mais aussi de l’enfermemen­t au sens large : enfermé à l’intérieur de soi-même et la complexité de trouver sa place dans la société, ou enfermé en prison, avec des détenues qui ont quitté cette place. »

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La réalisatri­ce a interrogé des élèves âgés de 8 à 15 ans.

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