« Se dessiner dans une BD, c’est mieux que des photos pour se souvenir »
LEWIS TRONDHEIM L’auteur de BD commente sa série autobiographique
L ’autobiographie, c’est son affaire depuis vingtcinq ans. Au point que Lewis Trondheim, Grand Prix du festival de la BD d’Angoulême 2006, en a tiré une série, « Les Petits Riens », dans laquelle il se dévoile, sous les traits d’un volatile. A l’occasion de la sortie du tome 8, Tout est à sa place dans ce chaos exponentiel (éd. Delcourt), il décortique son travail pour 20 Minutes.
Douze ans après les avoir commencés, vos « Petits Riens » sont-ils toujours à l’ordre du jour ?
Ça fait comme des Polaroid, des fragments de vie, de pensées... Se dessiner, c’est mieux que des photos pour se souvenir des choses. Mais je suis toujours surpris que des lecteurs soient intéressés.
N’est-il pas difficile de se raconter à de parfaits étrangers ?
Non. Je suis pudique, je ne raconte pas tout. Mon but n’est pas de faire de mes lecteurs des voyeurs, mais plutôt des copains à qui je raconte des anecdotes.
Parfois émerveillé, parfois flippé… Votre double de papier ne serait-il pas un peu schizophrène ?
Je ne crois pas en l’unicité de l’individu. On a des phases, des humeurs. On varie du blanc éclatant au noir le plus sombre. Je suis très naïf, mais aussi endurci par la vie.
En quoi le billet autobiographique a-t-il influencé votre travail ?
J’ai plus confiance en moi pour faire des couleurs, des illustrations. C’est toujours bon de poser des choses par écrit plutôt que de les accumuler dans la tête.
Vous allez continuer cette oeuvre jusqu’à votre mort ?
C’est un travail sur le long terme. Je tâcherai de conserver la même sincérité, mais je n’aurai plus le même rapport aux choses en vieillissant.