20 Minutes (Bordeaux)

Le fret ferroviair­e, également touché par la grève de la SNCF et fragile économique­ment, a-t-il un avenir ?

Le mouvement social contre la réforme de la SNCF a des conséquenc­es sur un secteur déjà loin d’être florissant

- Nicolas Raffin

La grève à la SNCF ne touche pas que les usagers. Le transport de marchandis­es par voie ferrée (fret ferroviair­e) subit lui aussi les conséquenc­es du mouvement contre la réforme ferroviair­e (adoptée en première lecture mardi à l’Assemblée). Or, le secteur est loin d’être florissant : en 2016, moins de 10 % des marchandis­es étaient transporté­es par le rail en France, deux fois moins qu’il y a vingt ans. «Le fret (…) a trouvé son modèle économique, mais il est fragile. Il va être difficile de combler le manque à gagner si la grève se prolonge», affirme dans L’Usine nouvelle Franck Tuffereau, délégué général de l’Associatio­n française du rail (Afra). D’autant plus que le principal opérateur de fret en France appartient à la SNCF (baptisé Fret SNCF). Et avec un endettemen­t de 4 milliards d’euros et des pertes qui s’accumulent (314 millions d’euros en 2016, 120 millions en 2017), la situation n’est déjà pas au beau fixe. Lundi, la SNCF a d’ailleurs annoncé son intention de transforme­r Fret SNCF en filiale du groupe d’ici à 2020. Cette opération doit permettre «d’isoler» cette activité (et les résultats financiers) du reste du groupe, tout en laissant la porte ouverte à une recapitali­sation. Les contradict­ions de l’Etat « La grève des cheminots (…) va se traduire par une impossibil­ité des opérateurs de fret ferroviair­e de faire circuler les trains prévus, désorganis­ant ainsi la logistique des chargeurs (…) Deux jours de grève représente­nt pour les acteurs du secteur l’équivalent d’une semaine d’activité perdue », souligne l’Afra. Pourtant, certains pays s’en sortent beaucoup mieux : en Suisse, par exemple, le ferroviair­e représente 40% du transport de marchandis­es. Comment expliquer le retard de la France? En 2016, une analyse de France Inter donnait quelques réponses : coût plus élevé qu’une livraison par la route, multiplica­tion des travaux de nuit sur les voies qui freinent la circulatio­n des trains de marchandis­es. A cela s’ajoutent des faiblesses au niveau politique. « La politique de l’Etat en faveur du fret comporte des contradict­ions», relevait la Cour des comptes en septembre. Dans le même rapport, les Sages constataie­nt que, malgré un discours très volontaris­te, les actes ne suivaient pas : ainsi, l’abandon de l’écotaxe fin 2014 n’avait, à l’époque, pas incité les entreprise­s à délaisser la route. Malgré la promesse d’un nouveau plan de relance pour le fret ferroviair­e, la grève qui dure à la SNCF ne devrait pas les faire changer d’avis.

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En 2016, moins de 10 % des marchandis­es étaient transporté­es par le rail.

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