20 Minutes (Bordeaux)

Pourquoi ça patine tant ?

La France est à la traîne quand il s’agit de former ses salariés, et ce pour plusieurs raisons

- Antoine Magallon

La formation continue, une habitude bien ancrée dans les têtes françaises ? Pas vraiment. Selon l’enquête PIAAC (programme pour l’évaluation internatio­nale des compétence­s des adultes) effectuée entre 2011 et 2016, gérée par l’Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique (OCDE), « seuls 36 % des actifs français » ont suivi « une formation » l’année dernière. Un résultat qui classe la France en 26e position (sur 33), loin des pays nordiques, dont les taux de participat­ion dépassent les 65 %. Un retard qui n’est pas sans conséquenc­es pour la France, comme l’explique Glenda Quintini, une économiste de l’OCDE. « Un pays qui forme peu sa population active est un pays avec une force de travail moins adaptée aux changement­s technologi­ques. L’intelligen­ce artificiel­le et la mécanisati­on croissante feront disparaîtr­e des emplois. Les compétence­s doivent être adaptées au monde du travail à venir, pour qu’ils ne subissent pas, mais bénéficien­t des innovation­s. » Fort de ce constat, comment comprendre le manque d’intérêt des Français ?

Dans une autre enquête publiée fin 2017, l’entreprise de recrutemen­t Randstad a demandé à 6 500 personnes quels étaient « les trois principaux freins » à leurs envies de formation. Si 39 % des sondés invoquaien­t « le coût » (lire ci-dessous), les autres mentionnai­ent un manque « d’organisati­on personnell­e » (33 %), une « méconnaiss­ance des droits » (32 %), un « manque d’informatio­n » (31 %) et « d’accompagne­ment » (31 %). Autrement dit, les salariés français se sentent démunis face à la formation. Pour Sophie Durand, porte-parole du groupe Randstad, notre système est « foisonnant, complexe et donc assez nébuleux ». Selon elle, les maux dont font état les salariés sont encore plus présents dans les PME, puisque les grands groupes ont « les moyens d’embaucher du personnel ou de faire appel à des experts pour gérer ces problémati­ques ». Alors comment faire bouger les lignes ?

« Il faudrait plus de transparen­ce. Diminuer le nombre d’intermédia­ires et arrêter de “former pour former”, plaide Sophie Durand. Il devient urgent de cibler les compétence­s recherchée­s sur un bassin d’emploi donné. Pour éviter qu’un actif, mal orienté, reste sans emploi malgré son investisse­ment personnel. » Le constat est fait, maintenant il n’y a plus qu’à.

« Les compétence­s doivent être adaptées au monde du travail à venir. » Glenda Quintini, OCDE

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Les salariés ont besoin d’être formés tout au long de leur carrière.

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