Pourquoi ça patine tant ?
La France est à la traîne quand il s’agit de former ses salariés, et ce pour plusieurs raisons
La formation continue, une habitude bien ancrée dans les têtes françaises ? Pas vraiment. Selon l’enquête PIAAC (programme pour l’évaluation internationale des compétences des adultes) effectuée entre 2011 et 2016, gérée par l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), « seuls 36 % des actifs français » ont suivi « une formation » l’année dernière. Un résultat qui classe la France en 26e position (sur 33), loin des pays nordiques, dont les taux de participation dépassent les 65 %. Un retard qui n’est pas sans conséquences pour la France, comme l’explique Glenda Quintini, une économiste de l’OCDE. « Un pays qui forme peu sa population active est un pays avec une force de travail moins adaptée aux changements technologiques. L’intelligence artificielle et la mécanisation croissante feront disparaître des emplois. Les compétences doivent être adaptées au monde du travail à venir, pour qu’ils ne subissent pas, mais bénéficient des innovations. » Fort de ce constat, comment comprendre le manque d’intérêt des Français ?
Dans une autre enquête publiée fin 2017, l’entreprise de recrutement Randstad a demandé à 6 500 personnes quels étaient « les trois principaux freins » à leurs envies de formation. Si 39 % des sondés invoquaient « le coût » (lire ci-dessous), les autres mentionnaient un manque « d’organisation personnelle » (33 %), une « méconnaissance des droits » (32 %), un « manque d’information » (31 %) et « d’accompagnement » (31 %). Autrement dit, les salariés français se sentent démunis face à la formation. Pour Sophie Durand, porte-parole du groupe Randstad, notre système est « foisonnant, complexe et donc assez nébuleux ». Selon elle, les maux dont font état les salariés sont encore plus présents dans les PME, puisque les grands groupes ont « les moyens d’embaucher du personnel ou de faire appel à des experts pour gérer ces problématiques ». Alors comment faire bouger les lignes ?
« Il faudrait plus de transparence. Diminuer le nombre d’intermédiaires et arrêter de “former pour former”, plaide Sophie Durand. Il devient urgent de cibler les compétences recherchées sur un bassin d’emploi donné. Pour éviter qu’un actif, mal orienté, reste sans emploi malgré son investissement personnel. » Le constat est fait, maintenant il n’y a plus qu’à.
« Les compétences doivent être adaptées au monde du travail à venir. » Glenda Quintini, OCDE