Les ouragans s’annoncent plus dévasteurs
Le météorologue Jean-Noël Degrace présente la saison cyclonique en Atlantique nord
Alberto, une tempête subtropicale qui s’est formée vendredi dans les Caraïbes, cause en ce moment d’importantes inondations à Cuba, lançant la saison cyclonique 2018 en Atlantique nord. A quoi s’attendre cette année ? Selon l’Agence américaine océanique et atmosphérique (NOAA), dix à seize tempêtes pourraient se former cette saison en Atlantique nord. Jean-Noël Degrace, responsable Météo-France en Martinique, nous donne son avis.
Comment jugez-vous les prévisions de l’agence américaine NOAA ?
Dire qu’il y aura entre dix et seize tempêtes est bien vague. Dix tempêtes, c’est une saison cyclonique de faible activité. Seize, c’est une saison de forte activité. Un point plus important est de savoir si la saison est à fort potentiel de développement des cyclones majeurs ou non. Au regard de plusieurs paramètres, il semblerait que ce ne soit pas le cas cette fois-ci. Il y a en tout cas un consensus parmi les centres de recherches météorologiques pour dire que cette saison 2018 ne sera pas super active mais normale ou peut-être un peu au-dessus de la normale. La NOAA parle par exemple de un à quatre ouragans qui pourraient être « majeurs », c’està-dire de catégorie 3 ou plus. Il y en avait eu six par l’an dernier.
Comment fait-on ces prévisions ?
Nous prenons en compte plusieurs phénomènes dont on sait qu’ils auront un impact sur l’intensité de l’activité cyclonique. Notamment El Nino et La Nina, deux phénomènes climatiques qui se traduisent l’un par des températures anormalement élevées de l’eau dans la partie est de l’océan Pacifique sud, et l’autre par des températures anormalement basses. Ces deux phénomènes ont des répercussions ailleurs. El Nino crée par exemple des conditions atmosphériques peu favorables à la formation d’ouragans en Atlantique nord, contrairement à La Nina. La saison dernière, nous étions dans un système neutre, mais basculant plus du côté de La Nina. Cette année, c’est l’inverse.
Peut-on assurer que cette saison cyclonique sera moins dévastatrice que l’an dernier ?
Non, pas du tout. C’est bien pour ça qu’il ne faut pas donner trop d’importance au nombre d’ouragans annoncé. Car un seul peut suffire à rendre la saison catastrophique. Tout dépend déjà de la trajectoire. On ne parlera pas ou très peu d’un ouragan de catégorie 5 qui n’aura jamais menacé aucune terre. En revanche, par le passé, des tempêtes tropicales a priori anodines ont engendré d’importantes inondations et glissements de terrain dans des territoires peu protégés contre ce type de catastrophes.