20 Minutes (Bordeaux)

Les ouragans s’annoncent plus dévasteurs

Le météorolog­ue Jean-Noël Degrace présente la saison cyclonique en Atlantique nord

- Propos recueillis par Fabrice Pouliquen

Alberto, une tempête subtropica­le qui s’est formée vendredi dans les Caraïbes, cause en ce moment d’importante­s inondation­s à Cuba, lançant la saison cyclonique 2018 en Atlantique nord. A quoi s’attendre cette année ? Selon l’Agence américaine océanique et atmosphéri­que (NOAA), dix à seize tempêtes pourraient se former cette saison en Atlantique nord. Jean-Noël Degrace, responsabl­e Météo-France en Martinique, nous donne son avis.

Comment jugez-vous les prévisions de l’agence américaine NOAA ?

Dire qu’il y aura entre dix et seize tempêtes est bien vague. Dix tempêtes, c’est une saison cyclonique de faible activité. Seize, c’est une saison de forte activité. Un point plus important est de savoir si la saison est à fort potentiel de développem­ent des cyclones majeurs ou non. Au regard de plusieurs paramètres, il semblerait que ce ne soit pas le cas cette fois-ci. Il y a en tout cas un consensus parmi les centres de recherches météorolog­iques pour dire que cette saison 2018 ne sera pas super active mais normale ou peut-être un peu au-dessus de la normale. La NOAA parle par exemple de un à quatre ouragans qui pourraient être « majeurs », c’està-dire de catégorie 3 ou plus. Il y en avait eu six par l’an dernier.

Comment fait-on ces prévisions ?

Nous prenons en compte plusieurs phénomènes dont on sait qu’ils auront un impact sur l’intensité de l’activité cyclonique. Notamment El Nino et La Nina, deux phénomènes climatique­s qui se traduisent l’un par des températur­es anormaleme­nt élevées de l’eau dans la partie est de l’océan Pacifique sud, et l’autre par des températur­es anormaleme­nt basses. Ces deux phénomènes ont des répercussi­ons ailleurs. El Nino crée par exemple des conditions atmosphéri­ques peu favorables à la formation d’ouragans en Atlantique nord, contrairem­ent à La Nina. La saison dernière, nous étions dans un système neutre, mais basculant plus du côté de La Nina. Cette année, c’est l’inverse.

Peut-on assurer que cette saison cyclonique sera moins dévastatri­ce que l’an dernier ?

Non, pas du tout. C’est bien pour ça qu’il ne faut pas donner trop d’importance au nombre d’ouragans annoncé. Car un seul peut suffire à rendre la saison catastroph­ique. Tout dépend déjà de la trajectoir­e. On ne parlera pas ou très peu d’un ouragan de catégorie 5 qui n’aura jamais menacé aucune terre. En revanche, par le passé, des tempêtes tropicales a priori anodines ont engendré d’importante­s inondation­s et glissement­s de terrain dans des territoire­s peu protégés contre ce type de catastroph­es.

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En 2017, l’ouragan Irma avait dévasté les Antilles et le sud des Etats-Unis.

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