Ce Portugal est plein d’audace
Le champion d’Europe a su intégrer des talents offensifs qui rendent l’équipe plus compétitive en Russie
Il paraît que le Portugal et Cristiano Ronaldo ont remporté l’Euro 2016. A Moscou, ça ne se voit pas trop. Le seul qui a droit à un peu de lumière? Toujours Leo Messi, cet irréductible petit Argentin, associé à une marque locale de téléphone. Pourtant les hommes de Fernando Santos commencent leur Coupe du monde face à l’Espagne, ce vendredi (20 h). Et les Portugais pourraient profiter de la crise de la Roja (lire l’encadré), pour frapper un gros coup dans cette compétition. D’autant que depuis sa victoire au Stade de France en prolongation, la Selecção a bien changé. « A l’Euro, c’était une équipe seulement défensive, qui ne dominait pas les matchs, explique Leonel Pontes, ancien coach adjoint de la sélection. Maintenant, il y a plus de technique, de versatilité tactiquement parlant. Le sélectionneur a la possibilité de varier les schémas tactiques, parce qu’ils disposent de joueurs avec des caractéristiques différentes. » Pourtant, sur le papier, le onze titulaire de Santos n’a pas beaucoup changé depuis 2016. Mais l’arrivée de joueurs comme Bernardo Silva, Gonçalo Guedes ou Bruno Fernandes a un peu tout bouleversé. «Ces troislà sont les “nouveaux” qui peuvent apporter de l’incertitude aux adversaires, analyse Pontes. On peut aussi ajouter Gelson Martins qui amène de la vitesse et une très grande efficacité sur les situations de un contre un. Ce qui est intéressant, c’est que, malgré leur jeunesse, ils sont habitués aux grands rendez-vous et ont déjà beaucoup d’années de football dans des clubs de très haut niveau.» Même s’il n’a pas joué beaucoup de matchs importants avec Manchester City cette saison, Silva est l’un des meilleurs milieux créatifs d’Europe après une année de folie à Monaco. Guedes est brillant avec Valence et Fernandes est à la fois récupérateur, passeur et dangereux offensivement. Tout ça en deviendrait presque un peu trop excitant. Vincent Sasso, défenseur à Belenenses et grand habitué de la Liga Sagres, confirme la bonne impression générale au pays : «Il y a beaucoup de qualité. C’est une équipe capable de jouer un joli football. Ils sont un peu en dessous des gros favoris, mais cette position d’outsider leur convient bien. C’est une équipe imprévisible, tu ne sais jamais à quoi t’attendre. Et puis ils ont Ronaldo, un gars capable de faire la différence tout seul sur un ou deux matchs. » Sauf que le Portugal a la fâcheuse manie de surprendre quand on ne l’attend pas (rarement) et de décevoir quand il est espéré (souvent). Entre la demi-finale de l’Euro 2012 et la victoire en 2016, les coéquipiers du gardien lyonnais Anthony Lopes avaient pris une fessée par l’Allemagne (4-0) lors du premier match de poule de la Coupe du monde 2014. Une défaite qui avait conditionné tout le reste de la compétition, avec la déconfiture de la Selecçao et le titre de la Mannschaft.
De notre envoyé spécial à Moscou, Julien Laloye, avec W.P.
« C’est une équipe imprévisible, tu ne sais jamais à quoi t’attendre. » Vincent Sasso