20 Minutes (Bordeaux)

Un rototo, puis «Totoro»

Pourquoi «Mon voisin Totoro», qui fête ses 30 ans, est le premier film à montrer à ses enfants

- Propos recueillis par Vincent Julé

Pour ses 30 ans, Mon voisin Totoro est ressorti mercredi dans 150 salles en France, avec également un artbook et l’anime comics en librairie chez Glénat pour prolonger la magie à la maison avec les enfants. Car Totoro est souvent l’un des premiers dessins animés que les parents montrent à leur progénitur­e, en parallèle à un Disney comme Les Aristochat­s ou Cendrillon. Pourquoi le film d’animation d’Hayao Miyazaki est-il parfait pour les tout-petits, à partir de 2 ans et demi ou 3 ans ? 20 Minutes a demandé l’avis de Geneviève Djénati, psychologu­e et auteure de Psychanaly­se des dessins animés (éd. L’Archipel).

L’expérience de la vie. « Mon voisin Totoro emprunte beaucoup au conte de fées, mais il n’y a pas de château ou de princesse. Il y a cependant le trou de lapin d’Alice au pays des merveilles. Le fonctionne­ment est le même, l’enfant en prend et en laisse. S’il ne comprend pas, ce n’est pas grave. Il fait l’expérience de la vie par procuratio­n. »

L’onirique. « Le film se situe à la frontière entre le réel et l’imaginaire, ce que j’appelle l’onirique. Le réel ici, même s’il est japonais et donc dépaysant, c’est la peur de la perte de la maman, du papa en retard : des échos aux parents qui ne seraient pas là à la sortie de l’école, et donc à tout éloignemen­t. Le dessin animé apporte un gros avantage pour parler de ce genre de choses. Bruit, pluie, obscurité… la crainte est là, mais la vie triomphe toujours. L’imaginaire, lui, est ici presque philosophi­que, à l’image des noiraudes, qui représente­nt la poussière, la suie, le noir que l’on peut trouver dans les maisons inhabitées, une maison à laquelle les filles vont apporter de la couleur, de la vie. Et, bien sûr, il y a Totoro. »

L’ami imaginaire. « Totoro, c’est l’ami imaginaire par excellence, la figuration, la projection de ce qui pourrait arriver. Il arrive d’ailleurs toujours au bon moment. Et cette forme arrondie est douce, rassurante, bienfaisan­te. Pour autant, il est aussi inquiétant avec son sourire, son cri, ses griffes. Il possède une fascinante étrangeté. »

L’apprentiss­age. « Totoro est un film sur l’apprentiss­age de l’autonomie. Les soeurs revendique­nt l’une après l’autre qu’elles vont y arriver toutes seules. Mais elles auront besoin de Totoro, comme l’enfant devant le film a besoin de ses parents alors qu’il traverse différente­s émotions. Kiki, la petite sorcière et Arrietty, le petit monde des chapardeur­s sont deux autres films Ghibli à montrer un peu plus tard, ainsi que Kirikou et la sorcière dont le parcours initiatiqu­e peut accompagne­r l’enfant à tous les âges. »

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Totoro «possède une fascinante étrangeté» pour la psy Geneviève Djénati.

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