Le tour de Rhin des Allemands
La Mannschaft a été battue (0-1) pour son entrée en lice dans le Mondial, dimanche, par une très séduisante équipe mexicaine
Même quand il gagne, ce qui lui arrive plus souvent que le contraire, Joachim Löw tire une tronche de six pieds de long. On a donc mis du temps à faire la différence après le revers assez impensable de la Mannschaft contre le Mexique (0-1), dimanche. Mais ça a fini par arriver quand un collègue courageux a osé demander au sélectionneur : « Vous saviez que trois des quatre précédents champions en titre ont été sortis dès la phase de poule ? Est-ce que vous pensez que l’Allemagne peut être le suivant ? » Grimace de Löw : « Je n’ai pas de raisons à vous avancer, mais je peux vous assurer qu’on ne fera pas partie des tenants du titre maudits.» C’est la France de Jacques Chirac qui a inauguré cette pratique consistant à se foirer au moment de défendre son titre. Cet Allemagne-Mexique avait des petits airs de France-Sénégal de 2002, d’ailleurs. Après un bon début et deux occasions laissées en route, la première période a été un long renoncement. Des pertes de balles incroyables, un déséquilibre défensif qui ressemblait à du suicide… Le but de Lozano aurait dû arriver plus tôt, mais il est arrivé (35e). «En première période, on n’a pas réussi à imposer notre style habituel avec la possession, a analysé Löw. Ils nous ont fait mal sur chaque contre-attaque. » La suite a été plus conforme à l’Allemagne qu’on connaît. Le Mexique n’a plus sorti un orteil de sa surface, et les redoublements de passes ont fait frissonner l’arrière-garde de la Tricolore. Mais des frissons ne font pas des occasions tranchantes, en dehors d’une demi-volée de Brandt sur l’extérieur du poteau. Il y a encore du chemin avant la «Grosse Kataströf», mais Hummels ne semblait pas plus confiant que cela : « Notre réveil a trop tardé. Je ne comprends pas pourquoi c’est comme ça. Nous devons gagner les deux matchs qui viennent, sinon ce sera la fin.»
Pareil coup de tonnerre est-il vraiment envisageable ? Les signaux négatifs étaient là avant le Mexique : une équipe très renouvelée par rapport à 2014, des résultats moins probants contre les grosses nations, et des disparités physiques… Löw va avoir chaud aux fesses dans les heures qui viennent. Mais il en a vu d’autres. Et si l’on parlait de la malédiction des champions en titre, on peut aussi retourner la statistique, comme Mario Gomez : « Il faut persévérer, l’Espagne [championne du monde en 2010] avait aussi perdu son premier match [cette année-là], il ne faut pas tout noircir.» De notre envoyé spécial à Moscou, Julien Laloye
« Ils nous ont fait mal sur chaque contre-attaque. » Joachim Löw