Environnement
Le vignoble de l’Ile Margaux prêt à défier le climat
Les îles de l’estuaire sont l’une des merveilles de la Gironde. Tout le monde ne le sait pas, mais on produit encore du vin sur certaines d’entre elles, essentiellement sur l’île Margaux, l’un des tout derniers « bordeaux des îles.» Les vendanges des 14 ha de cette petite île de 20 ha, où sont représentés les cinq cépages du Médoc – merlot, cabernet sauvignon, petit verdot, malbec et cabernet franc – ont commencé lundi. Propriétaire de l’île depuis 2001, Gérard Favarel a tout de suite compris le potentiel du site en matière de développement durable. Et c’est tout naturellement qu’il a fait progressivement passer son vignoble en bio. « Ce qui m’a amené à prendre cette décision, c’est que, sur la digue longue de 2 km, on a planté des arbres fruitiers de variétés différentes, et ils donnaient des fruits merveilleux. » Une transition facilitée par un autre élément fondamental : le vent. « Pour vendanger bio, il faut du vent, car le vrai médecin de la vigne, ce n’est pas le Roundup, c’est le vent. »
«Le climat andalou en 2050»
Gérard Favarel pense même que, à la faveur de ce vent et des marées, son vignoble est mieux armé que d’autres face aux défis du réchauffement climatique. « Ce que nous dit le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, c’est qu’en Aquitaine, en 2050, nous aurons le climat andalou. Pour le vin, cela va changer beaucoup de choses. Mais, sur notre île, il y a un élément déterminant, c’est l’eau de la Garonne, qui fait que tous les écarts thermiques sont amortis. Nous serons moins directement touchés par cette violence climatique extrême.» Quand d’autres terroirs vont devoir faire évoluer leurs cépages, Gérard Favarel pense ,que sur l’île Margaux, « nous allons redevenir un vrai conservatoire du vin de Bordeaux, comme on l’a été au XIXe siècle lors de l’épidémie de phylloxéra. » Cette année, le mildiou qui a particulièrement affecté le vignoble bordelais. Et la grêle a détruit des parcelles entières sur les terres médocaines. « Du mildiou, on en a eu aussi. En revanche, sur ces îles, en raison des courants d’air ascensionnels, il ne gèle et il ne grêle jamais. »