«On avait envie de faire un vrai film “feel good” »
Gustave Kervern, réalisateur du jubilatoire «I Feel Good», et Jean Dujardin racontent comment faire rire aujourd’hui
On peut compter sur Gustave Kervern et Benoît Delépine pour faire souffler un vent de folie tendre sur les écrans. Le duo dirige Jean Dujardin et Yolande Moreau dans le réjouissant I Feel Good. Il leur offre deux rôles surprenants, celui d’un frère, patron raté, et d’une soeur qui s’occupe d’un centre Emmaüs. Pour évoquer le sens de la provocation de ce bijou d’humour, 20 Minutes a réuni Jean Dujardin et Gustave Kervern.
Faut-il faire attention avant de provoquer le rire ?
Gustave Kervern : Depuis le début de la vague d’attentats en France, on ne peut plus faire les cons comme avant. On est dans un état d’urgence du sérieux où le second degré disparaît. Peut-on encore provoquer aujourd’hui ?
G.K. : Oui, malgré tout. Il y a quelque chose de provocateur à se moquer du capitalisme.
Jean Dujardin : L’homme d’affaires que j’incarne court sur l’autoroute en chaussons piqués dans un hôtel. C’est une caricature des jeunes loups du business. Il a l’air aussi sûr de lui que s’il conduisait une voiture de sport, alors que c’est un raté. Vous êtes-vous autocensurés pour I Feel Good ?
J.D. : Je me suis senti libre. J’ai eu l’impression d’être de retour dans ma famille après The Artist et mon aventure américaine.
G.K. : Benoît Delépine et moi écrivons librement. Ce film n’est pas qu’une comédie anticapitaliste. Il s’agit surtout d’une ode à Emmaüs et à ces humains qui luttent contre la misère.
Vous avez tourné dans un vrai centre ?
G.K. : Oui, et nous avons été accueillis à bras ouverts une fois que les gens ont compris que nous étions bienveillants. Et vous, quel effort avez-vous dû faire ?
G.K. : Il fallait essayer d’être drôle sans se moquer de l’abbé Pierre ou des pensionnaires d’Emmaüs, et sans verser dans le larmoyant. On avait envie de faire un vrai film « feel good ».
J.D. : De mon côté, je devais rendre mon personnage humain afin que le spectateur n’ait pas envie de lui coller des beignes au bout de cinq minutes. Propos recueillis par Caroline Vié