Les ours divisent en Béarn
Avant le lâcher de deux ourses, le point sur un dossier sensible
C’est la paranoïa dans le Béarn parmi les opposants au lâcher de deux ourses, qui pourrait avoir lieu samedi. Les éleveurs, notamment, guettent le moindre véhicule suspect qui pourrait abriter les ursidés. Cette réintroduction ravive les tensions anciennes entre pro et anti-ours.
Pourquoi deux ourses sont réintroduites en Béarn? Selon les données de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), on recense 41 ours en Pyrénées centrales et seulement deux dans les Pyrénées occidentales, dont fait partie le Béarn. Il manque des femelles à ces deux ours pour assurer leur présence durablement sur ce territoire.
Pourquoi ce sont deux ourses de souche slovène? Le 1er novembre 2004, l’ourse Cannelle, dernier ours brun de souche pyrénéenne, avait été abattue par un chasseur, dans la vallée d’Aspe. L’ours brun de souche slovène est la « meilleure souche » à introduire dans les Pyrénées, souligne Alain Reynes, directeur de l’association Pays de l’ours-Adet. Il rappelle que selon les généticiens, il y a autant de différence entre un ours de souche slovène et un ours de souche pyrénéenne qu’entre un homme de souche slovène et un homme de souche pyrénéenne.
Quelles pertes pour les bergers ? Pro et anti-ours s’affrontent à coups de chiffres. Sur environ 20 000 à 25 000 brebis qui meurent prématurément chaque année, les défenseurs des ursidés font valoir que seuls 2 % sont tuées par les ours. Les éleveurs estiment que les pertes sont plus élevées, de l’ordre de 8 %. Les mesures de protection des troupeaux mises en avant pour accompagner l’introduction des ours les exaspèrent.
« La cohabitation avec l’ours n’est pas possible, même avec des soutiens face à la prédation, il n’y a rien qui marche, estime Olivier Maurin, éleveur. On le voit en Ariège, où il y a de plus en plus de dégâts malgré les patous [chiens de berger]. Les prédateurs s’adaptent. »