Le côté obscur de l’école buissonnière
La famille et le personnel d’éducation doivent agir de concert contre le décrochage
Le décrochage est un processus qui conduit un élève à progressivement quitter le système scolaire. Il est souvent dû à une fragilité personnelle cumulée avec un dysfonctionnement ou un mal-être en classe.
Pour Alexandre, professeur d’anglais et professeur principal dans un collège du Val-d’Oise, qui a coorganisé plusieurs commissions locales de décrochage, quelques indicateurs peuvent facilement alerter les parents. « Un agenda vide, ça n’existe pas ! Tous les professeurs donnent des devoirs. S’il n’y a rien d’inscrit, c’est que l’élève ne prend même plus la peine de noter le travail à faire. » La baisse soudaine des résultats est également un bon indice. « Lorsque d’un trimestre à l’autre, un élève perd quatre points dans une matière, c’est peut-être parce que la discipline s’est intensifiée. En revanche, si c’est sur la moyenne générale, c’est souvent une sonnette d’alarme. Cela peut vouloir dire que l’élève a abandonné l’idée de réussir. Il se dit : “Ça ne marche pas, c’est foutu, donc ça ne sert plus à rien que je continue à bosser” », raconte d’expérience le jeune professeur. Les parents doivent également rester vigilants concernant l’absentéisme, même occasionnel, de leur enfant. « Au début, c’est simplement un ou deux cours que l’élève sèche, car il n’arrive plus à affronter le professeur ou les mauvaises notes. Mais il y a parfois un effet boule de neige et cela déteint sur d’autres matières », indique Patricia Humann, coordinatrice à l’Union nationale des associations familiales (Unaf), qui a réalisé une étude sur le sujet.
Enfin, le comportement inapproprié d’un enfant demeure un signe pouvant traduire son mal-être en cours. « Lorsque l’on ne comprend pas quelque chose, cela énerve, on est plus sur la défensive, décrit Alexandre. Certains vont donc devenir violents verbalement et / ou physiquement, et chercher le conflit avec les adultes. »
Parfois une crise passagère
La priorité est de prendre rendezvous avec le personnel de l’établissement afin d’identifier les causes du décrochage et trouver des solutions adaptées. « Il faut absolument garder le contact et un dialogue ouvert avec son enfant. Contrôler sa vie scolaire, mais sans le fliquer, car s’il se ferme, il fera son décrochage seul », avertit Alexandre.
Attention toutefois à ne pas confondre une crise d’adolescence avec un début de décrochage, prévient le professeur d’anglais, qui admet qu’une grande partie de la difficulté du repérage du symptôme réside dans cette nuance.
«Il faut absolument garder le dialogue ouvert. »
Alexandre, professeur d’anglais