20 Minutes (Bordeaux)

Mettons tous la main à l’appart

Plus qu’une simple coloc, l’habitat participat­if associe écologie et désir de vie en commun

- Eugénie Calme

Pour vivre heureux, vivons groupés. C’est le credo de François Desrues qui vit depuis un an dans un habitat participat­if à Strasbourg. Le projet a été conçu par ses résidents, du choix du terrain à l’architecte, en passant par la philosophi­e du bâtiment et ses règles de vie. Un immeuble écologique sur-mesure, où chacun vit dans son propre appartemen­t, mais profite d’espaces gérés collective­ment : jardin, buanderie, chambre d’ami partagée et salle des fêtes. « On recherchai­t plus de conviviali­té, de solidarité et de respect de l’environnem­ent », explique François Desrues. Bâtir de l’habitat groupé peut coûter moins cher et permettre de réduire sa consommati­on énergétiqu­e. « Mais, ce qui est au coeur du projet, c’est cette volonté de créer une oasis, une bulle de valeurs autour de l’entraide et de l’autonomie », relève Pascal Greboval, auteur de Vivre en habitat participat­if (éditions Alternativ­es). La recette a été adoptée depuis longtemps en Allemagne et dans les pays nordiques. En France, elle est en train de se faire une petite place. Lentement, mais sûrement, les îlots sortent de terre à Strasbourg, Lille, Bordeaux, Grenoble, etc. On compte aujourd’hui 600 habitats participat­ifs construits ou en cours de développem­ent, selon la Coordin’Action, un réseau d’associatio­ns de l’habitat participat­if. Autant dire, une goutte d’eau. Mais, en proposant un cadre juridique pour l’habitat participat­if en 2014, la loi Alur a mis un coup de projecteur sur cette alternativ­e et l’a rendue crédible aux yeux des pouvoirs publics. Depuis quelques années, les collectivi­tés locales mettent à dispositio­n des terrains et font des appels à projets pour encourager l’habitat groupé. Les organismes HLM impliquent leurs futurs locataires en amont de la constructi­on. « C’est devenu un vrai marché, analyse Jean-Claude Driant, professeur à l’école d’urbanisme de Paris. Mais ça ne peut pas devenir un phénomène massif, car l’habitat participat­if va à l’encontre des logiques économique­s. »

En moyenne, un projet met quatre ans avant d’aboutir. Un investisse­ment sans faille est de mise, avec des réunions régulières et des prises de décision collective­s qui peuvent virer au casse-tête. Impossible de se lancer dans ce processus à la légère, confirme François Desrues : « Si on a l’âme d’un solitaire, ce n’est peutêtre pas la bonne option. Accepter d’être membre d’un groupe et être prêt à avoir des débats, cela suppose un changement de vision. Il faut embrasser cette dimension collective.» En immobilier aussi, l’important, c’est de participer.

« Créer une bulle de valeurs autour de l’entraide.» Pascal Greboval, auteur de Vivre en habitat participat­if

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Le logement participat­if se construit au fil de nombreuses réunions.

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