20 Minutes (Bordeaux)

Biodiversi­té

La réintroduc­tion de l’ours a aussi ses soutiens

- Elsa Provenzano

Le débat sur la réintroduc­tion d’ours dans le Béarn a été ravivé par l’annonce du ministre de la transition écologique François De Rugy (lire l’encadré). « On est très contents de la réintroduc­tion, cela fait vingt ans qu’on l’attend », commente Marc Peyrusqué, berger croisé lors de sa transhuman­ce par Etsaut, en vallée d’Aspe. Il ne nourrit pas de crainte pour la vie de ses 250 chèvres et brebis, qui transitent jusqu’à leur prochain pâturage, entourées de chiens et de bénévoles en gilets jaunes.

«Dernier animal sauvage»

«Pour un berger qui garde ses brebis avec des patous (chiens protecteur­s des troupeaux) il n’y a qu’1% de pertes, quand un éleveur qui les laisse sans protection peut avoir jusqu’à 15% de pertes», argumente Marc Peyrusqué. «Ils ne veulent pas faire l’effort de protéger leurs troupeaux et on devrait accepter la disparitio­n du dernier animal sauvage des Pyrénées», s’étrangle Elisabeth Médard, maire d’Etsaut (PS). Selon un commerçant béarnais qui souhaite rester anonyme, c’est une opinion largement partagée sur le territoire : «Ils sont quatre les antis, on est tous favorables. La peur de l’ours ne s’appuie sur rien.» « Depuis vingt-cinq ans, il y a des aménagemen­ts pastoraux grâce à l’argent de l’ours (des aides publiques), Ce serait donc un manque de respect par rapport aux contribuab­les de ne pas essayer », estime de son côté un jeune paysan et chasseur de la vallée d’Aspe. Les aides liées au renforceme­nt de la présence de l’ours permettent aussi aux bergers d’employer des jeunes pour leur prêter main-forte. «Ici il y a une mainmise sur le foncier et les jeunes vont plutôt vers le tourisme, poursuit le jeune paysan. Je pense qu’il aurait fallu évaluer, lors de la concertati­on, les bénéfices de ces réintroduc­tions sur le reste de l’activité économique et pas que sur l’agricultur­e.» Tandis que les plus farouches opposants guettent le lâcher des ursidés, ceux qui y sont favorables croisent les doigts pour qu’il ne soit pas reporté, une fois encore.

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Certains bergers pensent que l’ours n’est pas un danger pour leurs bêtes.

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