Biodiversité
La réintroduction de l’ours a aussi ses soutiens
Le débat sur la réintroduction d’ours dans le Béarn a été ravivé par l’annonce du ministre de la transition écologique François De Rugy (lire l’encadré). « On est très contents de la réintroduction, cela fait vingt ans qu’on l’attend », commente Marc Peyrusqué, berger croisé lors de sa transhumance par Etsaut, en vallée d’Aspe. Il ne nourrit pas de crainte pour la vie de ses 250 chèvres et brebis, qui transitent jusqu’à leur prochain pâturage, entourées de chiens et de bénévoles en gilets jaunes.
«Dernier animal sauvage»
«Pour un berger qui garde ses brebis avec des patous (chiens protecteurs des troupeaux) il n’y a qu’1% de pertes, quand un éleveur qui les laisse sans protection peut avoir jusqu’à 15% de pertes», argumente Marc Peyrusqué. «Ils ne veulent pas faire l’effort de protéger leurs troupeaux et on devrait accepter la disparition du dernier animal sauvage des Pyrénées», s’étrangle Elisabeth Médard, maire d’Etsaut (PS). Selon un commerçant béarnais qui souhaite rester anonyme, c’est une opinion largement partagée sur le territoire : «Ils sont quatre les antis, on est tous favorables. La peur de l’ours ne s’appuie sur rien.» « Depuis vingt-cinq ans, il y a des aménagements pastoraux grâce à l’argent de l’ours (des aides publiques), Ce serait donc un manque de respect par rapport aux contribuables de ne pas essayer », estime de son côté un jeune paysan et chasseur de la vallée d’Aspe. Les aides liées au renforcement de la présence de l’ours permettent aussi aux bergers d’employer des jeunes pour leur prêter main-forte. «Ici il y a une mainmise sur le foncier et les jeunes vont plutôt vers le tourisme, poursuit le jeune paysan. Je pense qu’il aurait fallu évaluer, lors de la concertation, les bénéfices de ces réintroductions sur le reste de l’activité économique et pas que sur l’agriculture.» Tandis que les plus farouches opposants guettent le lâcher des ursidés, ceux qui y sont favorables croisent les doigts pour qu’il ne soit pas reporté, une fois encore.