20 Minutes (Bordeaux)

Gérard Collomb accule l’exécutif

Le ministre maintient sa demande de démission, poussant le chef de l’Etat à lui trouver un remplaçant plus rapidement que prévu

- Laure Cometti

L’épineuse question de la succession de Gérard Collomb au ministère de l’Intérieur devrait se poser beaucoup plus tôt que prévu. Deux semaines après avoir annoncé qu’il quitterait la Place Beauvau pour reconquéri­r sa ville de Lyon, après les européenne­s de mai, Gérard Collomb a de nouveau créé la surprise.

Lundi, le septuagéna­ire a déclaré au Figaro qu’il avait remis dans la journée sa démission à Emmanuel Macron, et que ce dernier l’avait refusée. Le lendemain, il a affirmé, là encore au Figaro, qu’il «maintenait sa propositio­n de démission». Un coup de pression qui met l’exécutif au pied du mur : Emmanuel Macron a déclaré trouver «regrettabl­e que Gérard Collomb se soit mis dans la situation le conduisant à devoir démissionn­er ». Selon son entourage, il « recevra rapidement les propositio­ns du Premier ministre» en vue de son possible remplaceme­nt. Trouver un successeur au premier flic de France (en si peu de temps) ne sera toutefois pas une tâche aisée, car l’ex-maire de Lyon cochait plusieurs cases : soutien de la première heure d’Emmanuel Macron dont il est très proche, homme politique d’expérience, issu de l’aile droite du PS, et partisan de la fermeté en matière de sécurité et d’immigratio­n.

Le Drian, « Casta »...?

Lorsqu’il quittera la Place Beauvau, le gouverneme­nt perdra à nouveau un poids lourd, après la démission de Nicolas Hulot. Et il fait déjà les frais de ce départ annoncé, l’opposition demandant la démission du ministre qu’elle ne juge plus capable de « continuer sereinemen­t à exercer ses fonctions », selon les mots de Franck Riester, coprésiden­t du groupe UDI-Agir. Pour le remplacer, plusieurs noms circulent. Celui de l’ex-patron du Raid, Jean-Michel Fauvergue, devenu député LREM en juin 2017, et qui a le CV idéal, bien qu’il soit peu connu du grand public. Ceux de Jean-Yves Le Drian, actuel ministre des Affaires étrangères, et de Gérald Darmanin, à l’Action et aux Comptes publics. Ainsi que celui de Christophe Castaner. «Emmanuel Macron ne dispose pas de réseaux très développés au sein de la police, contrairem­ent à Nicolas Sarkozy ou François Hollande », constate un syndicat de policiers. Cela pourrait pousser l’Elysée à aller piocher à droite, ou à gauche. On entend ici les noms du sarkozyste Frédéric Péchenard, ex-directeur général de la Police nationale et actuel vice-président LR de la région Ile-de-France, là du vallsiste Denis Favier, ex-patron de la gendarmeri­e nationale. Pour François Patriat, sénateur LREM de la Côte-d’Or, «la majorité compte suffisamme­nt de candidats qui ont le calibre pour ce ministère». Mais, selon lui, le chef de l’Etat pourrait opter pour «un ticket», en affublant le ministère «d’un secrétaire d’Etat». Signe que remplacer Gérard Collomb n’est pas si évident que cela.

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Gérard Collomb veut se présenter aux municipale­s à Lyon.

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