20 Minutes (Bordeaux)

Vaty, un second souffle « sans stress »

Malgré sa pathologie cardiaque, le pivot des JSA a pu retrouver les parquets

- Clément Carpentier

« Je lui ai dit que tu pouvais encore jouer l’Euroligue », chambre gentiment Joachim Duthé sur le banc à la fin de l’entraîneme­nt alors que son pivot répond à 20 Minutes. Si le coach des JSA Bordeaux Métropole lance cette affirmatio­n sur le ton de l’humour, elle n’est pas sans fondement pour autant. Il suffit de regarder Ludovic Vaty enchaîner les paniers. Le talent, ça ne se perd pas ! Alors, que fait l’ancien internatio­nal français à batailler tous les week-ends dans les raquettes de Nationale 1 (3e niveau français) ? Il retrouve un second souffle. Au sens propre, comme au sens figuré. En effet, Ludovic Vaty a dû mettre un terme à sa carrière profession­nelle en 2013 à cause d’une pathologie cardiaque : « J’avais un souffle au coeur puis un jour, lors d’un examen classique, on a découvert une cardiomyop­athie. J’ai une partie du coeur qui bat plus faiblement que l’autre. À haute intensité, cela peut engendrer une crise cardiaque ! » Le coup est alors très rude pour le Guadeloupé­en, au sommet de son art en Pro A et régulièrem­ent appelé en équipe de France. « Ce jour-là, la vie s’est effondrée. C’est beaucoup de questions quand on a seulement 24 ans. Je me suis dit : “Ce n’est pas possible.” », se rappelle-t-il. Depuis, Ludovic Vaty suit un traitement quotidien, qui résulte efficace. Au fil des mois, son état de santé s’est rapidement amélioré. Au point que, dès septembre 2014, il a obtenu le feu vert des médecins pour reprendre à un niveau amateur et sous certaines conditions : « Je ne ressentais pas d’appréhensi­on, car il n’y a pas de douleur. Ce n’est pas comme une blessure musculaire ou une entorse par exemple. » Mais attention, tout cela reste fragile à l’image de la saison dernière où il a dû stopper l’exercice en janvier, à la suite de mauvais examens. Malgré ce petit coup d’arrêt, les JSA de Joachim Duthé l’ont sollicité cet été : « Tout est défini depuis le début. Tout le monde est au courant. Après, sa carrière parle pour lui. » L’entraîneur doit, bien évidemment, faire avec l’état de santé de son pivot : il ne peut pas faire plus de quatre séances par semaine et ne peut jouer qu’une vingtaine de minutes par rencontre. Mais, il « n’y a aucun souci avec ça, car il a un énorme vécu et un gros QI basket. Il comprend très vite. » Alors peut-il retrouver le très haut niveau ? « Ce serait compliqué. Je donne ce que je peux donner, sans stress. Je vis au jour le jour et je prends mon pied. Et puis, si ça se trouve, je peux être de nouveau arrêté dès demain… » Et pour le coup, Ludovic Vaty sait de quoi il parle !

« Ce jour-là, la vie s’est effondrée. Je me suis dit : “Ce n’est pas possible.” » Ludovic Vaty

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Le pivot des JSA ne peut jouer qu’une vingtaine de minutes par match.

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