Les youtubeurs ont du mal à boucler leurs fins de mois
Quelques vidéastes célèbres sont largement rémunérés, mais la majorité d’entre eux vivent de revenus très modestes
Norman, Squeezie, Cyprien… Certains youtubeurs gagnent beaucoup d’argent. Ces stars du Net aux millions d’abonnés gagneraient, selon les estimations des Echos, entre 100 000 et 500 000 € par an. Mais les youtubeurs ne sont pas tous logés à la même enseigne.
Florence Porcel, youtubeuse spécialisée dans la vulgarisation scientifique, a récemment poussé un coup de gueule sur les réseaux sociaux. Elle a raconté sur Twitter sa difficile « vie de youtubeuse ». « Ces trois dernières années, j’ai travaillé cent heures par semaine, sans week-ends, sans jours fériés, sans vacances, expliquet-elle dans une série de tweets (…) Mon statut juridique est auteure. Je touche des cachets, mais pas assez pour redevenir intermittente. Pas de droits au chômage, pas de congés payés, pas d’aide, rien. » Florence Porcel n’est pas la seule youtubeuse à avoir des revenus précaires, c’est le lot de beaucoup de free-lance, d’indépendants et de startupers qui oeuvrent sur le réseau social. «YouTube ne reverse qu’une petite partie de ses recettes publicitaires pour rétribuer ses créateurs, explique Guillaume Doki-Thonon, cofondateur de Reech, entreprise spécialisée dans le marketing d’influence et auteur de l’étude “Les influenceurs et les marques en 2018”. Près de 80 % des youtubeurs en France ont des revenus très modestes. »
Les salariés, une exception
« Seuls 20 % parviennent à vivre plus ou moins correctement de leur activité, poursuit le cofondateur de Reech. La plupart sont adossés à des agents, des régies publicitaires ou des boîtes de production, comme Studio 71, géré par TF1. » Il y a aussi des grosses boîtes comme Webedia, qui a récemment racheté la régie publicitaire Mixicom, à laquelle sont affiliées des stars du Net comme McFly et Carlito. Le duo de youtubeurs possède un statut particulier dans la profession. Ils sont salariés à trente-cinq heures par semaine. Les deux acolytes ont signé en 2017 un contrat de deux ans avec Webedia : ils gardent 90% des rémunérations perçues grâce aux vues de leurs vidéos et 50 % de l’argent des contenus sponsorisés qu’ils touchent en plus de leur salaire. En échange, Webedia se charge de leur régie publicitaire et récupère le reste des recettes. « Les youtubeurs salariés sont extrêmement rares, observe toutefois Guillaume Doki-Thonon. Ils font figure d’exception dans la profession. » Souvent critiqué pour ne pas assez rétribuer les créateurs de contenus, YouTube a décidé en juin de mettre en place des abonnements payants aux chaînes disposant de plus de 100 000 abonnés. YouTube « espère » pouvoir proposer cette option à un panel plus large de personnes «ces prochains mois ».