Dans l’oeil de Moscou
La série « Le Bureau des légendes », dont la quatrième saison débute sur Canal+, développe cette fois son intrigue en Russie, une des puissances mondiales du renseignement.
«Le Bureau des légendes» reprend du service. Pour cette quatrième saison, qui débute ce lundi à 21 h sur Canal+, Eric Rochant a décidé de donner une place centrale à la Russie et à son service secret : le FSB, ex-KGB. «Ça fait deux ans que la Russie revient sur la scène internationale, il était temps d’en parler », justifie le créateur de la série. En envoyant Guillaume Debailly, alias Malotru (Mathieu Kassovitz), chez les Russes, les scénaristes du «Bureau des légendes» placent l’intrigue dans un pays que les Occidentaux regardent d’un oeil méfiant. «La conscience du pouvoir de nuisance de Moscou s’est amplifiée depuis les tentatives russes de peser sur les élections américaines en 2016 », explique Julien Nocetti, chercheur au centre Russie-NEI de l’Institut français des relations internationales. Philippe Migault, directeur du Centre européen d’analyse stratégique, estime néanmoins qu’avec la chute du bloc soviétique, les services de renseignement russes ont perdu beaucoup d’influence en Europe. « Ils n’ont plus les moyens qu’ils avaient avant et certains savoir-faire se sont perdus.» Malgré tout, Beryl 614, un ancien de la Direction générale de la sécurité extérieure devenu youtubeur, remarque que le FSB reste « une agence prestigieuse», composée de gens «très bien formés». Le créateur du « Bureau des légendes» voulait aussi évoquer cette saison « les cyberconflits, la cyberguerre, explique Eric Rochant. C’est important, c’est la nouvelle guerre de l’ombre.» Un domaine dans lequel la Russie excelle. La jeune espionne Marina Loiseau, alias Phénomène (Sara Giraudeau), a été missionnée par la nouvelle patronne du Bureau, MarieJeanne Duthilleul (Florence LoiretCaille), pour infiltrer le monde des hackers moscovites, sous la coupe du FSB. «Les Russes sont dans le Top 3 des pays les plus agressifs et puissants en matière de cyberespionnage, avec les Chinois et les Américains», assure Beryl 614. « Les actions numériques de la Russie sont massives, complète Julien Nocetti. Le recours au cyberespace vise à convertir des faiblesses militaires conventionnelles en atouts, à moindre coût, et avec une efficacité redoutable. »
Il n’a pas été aisé, pour l’équipe de la série, attachée à la crédibilité de son récit, de trouver des infos sur le FSB. « Les Russes ont une tradition assez retorse du renseignement», souffle Eric Rochant. Reste désormais aux adeptes de la série (comme nous) à découvrir comment Malotru va se sortir du pétrin dans lequel il s’est fourré.
« Les Russes ont une tradition assez retorse du renseignement. » Eric Rochant, showrunner