Une lueur d’espoir?
Le réchauffement pourrait bouleverser les ressources halieutiques
La Conférence sur le climat, qui s’est ouverte en Pologne, doit notamment être l’occasion de présenter des solutions contre le réchauffement de la planète. En Nouvelle-Aquitaine, la pêche de certaines espèces pourrait être grandement affectée par la hausse des températures.
La région Nouvelle Aquitaine pourrait connaître, d’ici à 2050, le climat rencontré aujourd’hui en Andalousie, assure le conseil scientifique missionné par la région sur les effets du changement climatique. Cette hausse de la température a déjà des effets directs sur le littoral océanique, et les ressources halieutiques. « Outre l’augmentation de la température de l’eau, les signaux principaux que l’on observe sont une modification des apports d’eau douce [en provenance des rivières], et une modification des sources de nourriture disponibles », analyse Nathalie Caill-Milly, de l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer).
Les conséquences déjà observées et qui risquent de s’amplifier dans les dix prochaines années, « ce sont des changements de distribution spatiale. » Par exemple, « on a pu observer que les poissons plats à affinité “eau froide” vont plutôt remonter vers le nord, et ceux à affinité “eau chaude” vont arriver. Ainsi, les indicateurs de présence montrent une tendance à la hausse pour le céteau, un poisson plat que l’on pêche depuis longtemps chez nous, et qui est plus à affinité “eau chaude”, au contraire de la limande qui se déplace vers le nord. Pour la sole, c’est le statu quo », détaille la scientifique. Pour les autres poissons, on observe un déplacement vers le nord de la zone de ponte du maquereau. Idem pour la baudroie (lotte), une espèce importante pour les pêcheries régionales : « On en voit apparaître au niveau de
l’Islande, en raison de l’augmentation de la température des fonds islandais. »
A l’inverse, les pêcheurs ont fait remonter des captures « inhabituelles » ces dernières années. « Nous voyons apparaître des espèces comme la carangue-coubali, la sériole-limon, le tétraodon (ou poisson-coffre), et nous avons même eu récemment quelques captures de requins-marteaux. Ce sont des espèces que l’on trouve d’habitude bien plus au sud. » Si elles sont encore peu présentes, la dorade coryphène est, elle, désormais bien installé depuis une dizaine d’années.
Derrière ces observations scientifiques, se dessinent déjà de grands enjeux économiques pour les pêcheries régionales.
Les pêcheurs ont fait remonter des captures « inhabituelles » ces dernières années.