20 Minutes (Bordeaux)

La technique du plaquage doit être corrigée

Alors que le jeune Nicolas Chauvin est toujours hospitalis­é dans un « état grave », comment peut-on améliorer la technique du plaquage?

- Clément Carpentier

Un nouveau drame secoue le monde du rugby. Après le décès du joueur d’Aurillac Louis Fajfrowski, en août à la suite d’un plaquage, c’est au tour d’un autre jeune rugbyman, Nicolas Chauvin, de se retrouver aujourd’hui dans un « état grave ». Dimanche après-midi sur la pelouse du stade André-Moga à Bègles, cet Espoir du Stade Français ne s’est pas relevé après un choc avec deux adversaire­s. Depuis, il a été opéré d’une fracture de la deuxième vertèbre cervicale, avant d’être plongé dans un coma artificiel.

Ce nouvel accident relance une énième fois le débat la violence dans ce sport. Malgré la médiatisat­ion de ces drames et la mise en place de nouvelles règles pour protéger les joueurs, les accidents se poursuiven­t. « Aujourd’hui, on apprend aux joueurs à bien plaquer, explique Philippe Barbe, le vice-président de la Ligue Nouvelle-Aquitaine. Ça plaque de mieux en mieux. Mais estce qu’on leur apprend à recevoir un plaquage ou à éviter un carton ? Il est peut-être là le problème. »

Yves Appriou, ancien joueur et désormais coprésiden­t de Drop de Béton, une associatio­n qui propose une approche citoyenne de la pratique du rugby, avance, lui, le problème du « double plaquage », avec un premier joueur qui plaque aux jambes, puis un deuxième qui intervient au niveau du haut du corps. C’est d’ailleurs ce que Nicolas Chauvin aurait subi à la réception d’un ballon dimanche. Alors, quelles solutions peut-on prendre contre ces plaquages destructeu­rs ? « C’est très compliqué d’en trouver, puisque au rugby, il y a ce don de soi, estime Vincent Forgues, entraîneur de Lormont en Fédérale 2. Tout donner pour l’autre! Donc c’est difficile de freiner les joueurs. » « Il faut leur apprendre clairement à recevoir un choc et à l’accompagne­r, rappelle Philippe Barbe. C’est ce qu’il se passe dans les sports de combat, sinon il y aurait souvent des morts. » La question de la gestuelle serait donc au centre des débats dans les instances, selon le vice-président de la Ligue Nouvelle-Aquitaine : « Au niveau des écoles de rugby, il n’y aura plus de plaquages directs à la rentrée prochaine. Il y aura des ateliers sur la gestuelle du plaquage. Il faut enseigner des formes de “taka” [mouvements codifiés devenus aussi de principes de combat], comme au judo par exemple. Tout le monde doit comprendre que le plaquage est un moyen d’empêcher l’autre de jouer, et non de lui faire mal ! » En effet, le premier travail à faire est peut-être dans les têtes…

« Au rugby, il y a ce don de soi. C’est très difficile de freiner les joueurs. » Vincent Forgues

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Un plaquage à l’épaule d’Owen Farrell sur un Sud-Africain en novembre.

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