« Ce corbeau a créé un blog sur moi »
Un individu empoisonne depuis dix ans la vie de Sébastien F. sur les réseaux sociaux
«J’ai commencé à être très présent sur le Net à partir de 2006, lorsque j’ai créé mon premier blog, raconte Sébastien F., victime de cyberharcèlement. De fil en aiguille, j’ai géré un autre blog, puis un troisième et je me suis mis à animer des forums et à participer à l’animation d’une centaine de groupes Facebook, tous gravitant autour des objets cultes vintage, que je collectionne.
«Il était très documenté»
En 2007, un individu a commencé à s’en prendre à moi, sans aucune raison. Il suivait tout ce que je faisais sur Internet, il m’envoyait des commentaires désobligeants, des insultes. Voyant que ça ne m’empêchait pas de continuer mes activités, il a carrément créé, en mars 2018, un faux compte Facebook sur moi. En guise d’image de profil, il y avait un montage d’une photo de moi avec un cochon. Le harceleur s’est ensuite mis à écrire à mes contacts Facebook en message privé, leur racontant un tas d’insanités à mon sujet, que j’avais tué des gens, que j’avais violé des femmes… Il était toujours très bien documenté, avec des détails sur ma vie privée. Certaines de mes connaissances sur le Net ont pris peur. J’ai perdu énormément de contacts. Je me suis demandé qui pouvait m’en vouloir autant. Peut-être ai-je attisé des jalousies en dévoilant ma collection sur mon blog principal ? Après plus de 500 signalements auprès de Facebook, j’ai réussi à faire supprimer le faux compte. Mais mon répit a été de courte durée. Ce corbeau a créé un blog sur moi. Les responsables de blogger.com, la plateforme qui héberge ce blog, n’ont rien voulu faire. Tout juste m’ont-ils répondu que ce blog “respectait leur standard” et qu’ils n’y voyaient “rien de diffamatoire”. Je suis bien sûr allé porter plainte à la gendarmerie. Ma plainte a été classée sans suite, sans qu’aucune enquête ait été menée! J’ai
tout de même réussi à avoir une ordonnance du tribunal pour faire supprimer le blog. Mais blogger.com, qui est basé à Washington, sous juridiction américaine, n’a jamais donné suite.
Je suis passé par tous les stades : incompréhension, haine, désespoir… Cet individu a cherché à me pousser à bout, en m’envoyant des messages qui m’incitaient à me suicider. Les associations d’écoute sur le cyberharcèlement, et même la Cnil, contactée plusieurs fois, sont, malheureusement, impuissantes. Pour me préserver, j’ai voulu tout laisser tomber. Mais j’ai senti un véritable manque, et je me suis finalement dit que ce n’était pas à moi de céder!» Propos
recueillis par Hakima Bounemoura