L’adieu aux larmes
Alain Juppé a démissionné pour rejoindre le Conseil constitutionnel
Non sans émotions, Alain Juppé a confirmé, jeudi en conférence de presse, qu’il quitterait ses fonctions de maire et de président de la métropole en mars pour siéger au Conseil constitutionnel.
Jeudi matin, dans une salle pleine à craquer de journalistes, d’élus, de collaborateurs, Alain Juppé a confirmé son départ de la mairie de Bordeaux, après presque 25 ans de mandat, pour siéger au Conseil constitutionnel, comme annoncé mercredi soir. Les larmes lui sont montées aux yeux durant sa prise de parole. Il a beaucoup ri aussi. «Cela fait 40 ans que j’entends dire que je suis sec, froid, a-t-il dit dans un sourire. Je suis en réalité un sentimental qui se cache bien.»
«Je démissionnerai en mars de tous mes mandats électifs [maire de Bordeaux et président de Bordeaux Métropole], a-t-il indiqué. Je ne m’attendais nullement à cette proposition, et j’ai dû me décider en 24 heures. » Alain Juppé a confirmé qu’il ne se représenterait pas aux municipales de 2020. «J’avais prévu de l’annoncer après les élections européennes. J’ai la volonté de ne pas faire le mandat de trop. Je suis fier du travail que j’ai accompli dans la ville depuis près de 25 ans. Bien sûr, il y a encore tant de choses à faire. Et j’avais tant de projets en tête… Mais je sens aussi le besoin de renouvellement qui monte ici et là. » Le premier édile a aussi évoqué une « raison plus personnelle ». « La vie politique, c’est un combat, je l’ai fait pendant plus de 40 ans, toujours avec passion. Aujourd’hui, le contexte change. L’esprit public est devenu délétère. »
Alain Juppé n’a pu retenir ses larmes : « Je n’ai pas pris ma décision de gaieté de coeur. Avec Bordeaux et son peuple, nous sommes en quelque sorte un vieux couple. C’est un arrachement pour moi. » « Je ne la quitte pas vraiment, puisque Isabelle et moi y garderons notre résidence. Mais je ne jouerai pas à la statue du commandeur : place maintenant à la relève. Nous ne sommes pas en monarchie et il ne me revient pas de désigner un dauphin. Je réunirai cette semaine la majorité municipale et, collectivement, nous choisirons celui ou celle qui se présentera ensuite au suffrage du conseil municipal puis au conseil de métropole. » L’entrée au Conseil constitutionnel, «c’est la fin de toute expression partisane, reconnaît-il, mais d’une certaine manière je continue mon engagement politique, sous une autre forme. Maintenant, le jeu est ouvert pour les municipales de 2020. Et ma position m’interdira de me mêler de la campagne électorale.»
«Avec Bordeaux, nous sommes en quelque sorte un vieux couple. »