Consommer des fruits de raison
L’arboriculture fruitière raisonnée propose une voie médiane, qui ne bannit pas les produits phytosanitaires, mais en limite l’utilisation
Ni biologique, ni intensive. Mais où donc situer l’agriculture raisonnée, et en l’occurrence l’arboriculture fruitière raisonnée ? « Si vous en parlez à des producteurs, avance Bérengère Bosi, rédactrice en chef de la revue spécialisée L’Arboriculture fruitière, ils vous diront que cela veut tout et rien dire. » Et pour cause : alors que l’agriculture biologique est synonyme de labels encadrés, l’agriculture raisonnée est un concept encore flou, de l’ordre de la méthode pas strictement définie. « C’est une tendance vers une agriculture moins gourmande en intrants, en eau, en pesticides qui, en arboriculture, a commencé avec les producteurs de pommes. » Plus précisément, explique Daniel Sauvaitre, président de l’Association nationale pommes poires (ANPP), qui rassemble deux tiers des producteurs de pommes et un tiers des producteurs de poires français, « il faut remonter au tout début des années 1990, quand l’Organisation internationale de lutte biologique a donné la définition de ce que l’on appelait alors l’agriculture intégrée. L’agriculteur doit, en bon agronome, s’associer le concours de la nature, des prédateurs, d’un sol vivant, de tous les éléments qui permettent d’avoir la production la plus naturelle possible, et ne recourir à des intrants que lorsque le risque économique pour la culture est avéré. » En clair, on ne bombarde pas son verger avec des pesticides à la moindre petite bête et on n’arrose pas à grande eau dès que la température monte un peu.
« Mais il ne faut pas mentir aux gens, insiste Bérengère Bosi. L’arboriculture raisonnée n’interdit pas l’utilisation des pesticides. En revanche, elle recommande de ne les utiliser qu’en dernier recours. » Pour cela, il y a nécessité à « bien connaître son verger : grâce à des stations météo connectées, un matériel d’irrigation avec des sondes précises, etc. » Le savoir, c’est le pouvoir !
« L’arboriculture raisonnée n’interdit pas l’utilisation des pesticides. » Bérengère Bosi, journaliste