20 Minutes (Bordeaux)

Des manques à combler

Le projet de loi sur la bioéthique prévoit l’extension de la procréatio­n médicaleme­nt assistée. Mais les conditions de son applicatio­n restent à assurer.

- Oihana Gabriel

On parle beaucoup FIV, don de sperme et égalité des droits en cette rentrée. En effet, les auditions à la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi sur la bioéthique, qui prévoit notamment de donner la possibilit­é aux couples de lesbiennes et aux femmes seules de recourir à une procréatio­n médicaleme­nt assistée (PMA) pour avoir un enfant, ont commencé mardi (lire ci-dessous). Mais, déjà, certaines associatio­ns et certains médecins veulent faire pression pour que le texte ne passe pas à côté d’un point essentiel : les conditions matérielle­s pour garantir que cette PMA pour toutes soit réellement assurée. Sans surprise, l’ouverture de la PMA à toutes les femmes augmentera­it la demande de sperme. Or, aujourd’hui, les couples hétérosexu­els qui ont recours à un don de sperme – 2200 en 2016 – attendent généraleme­nt entre six mois et deux ans. Ce délai risque donc de s’allonger. D’autant que le projet de loi de bioéthique introduit plusieurs changement­s, au-delà de la PMA pour toutes. Notamment la possibilit­é pour les enfants nés d’une PMA avec don d’avoir accès, s’ils le souhaitent et à leur majorité, à l’identité du donneur. Une dispositio­n qui pourrait en refroidir certains.

Stocks de sperme détruits ?

Deuxième problème, le texte prévoit la destructio­n du stock de gamètes actuel un an après la promulgati­on de la loi pour éviter la coexistenc­e des dons identifiab­les et de ceux qui ne le sont pas. «Etre obligé de détruire [ces stocks], c’est de la folie furieuse, s’émeut Catherine Guillemain, vice-présidente de la Fédération des Cecos, les centres qui gèrent les dons de gamètes. La seule possibilit­é, pour sauver ces paillettes, serait de recontacte­r tous les donneurs.» Mais au cabinet de la ministre de la Santé, les choses sont claires : « Il est hors de question de recontacte­r tous les donneurs. C’est matérielle­ment impossible, certains ont pu déménager, par exemple. On peut en revanche envisager d’appeler publiqueme­nt les anciens donneurs à se manifester. » Du côté des députés, les auditions devraient permettre d’affiner les choses. « Nous souhaitons attendre la reconstitu­tion de stocks équivalent­s de gamètes avant de détruire les anciennes réserves», assure Aurore Bergé, députée LREM et membre de la commission spéciale bioéthique. Mais quand bien même. «Sans changement et moyens supplément­aires, on aura du mal à répondre à la demande actuelle et à celle qui se profile», prévient Catherine Guillemain.

Face à ces défis, 350 profession­nels de la PMA demandent via une pétition que la loi permette à d’autres centres publics, mais aussi à des centres privés, de gérer les dons de gamètes et l’autoconser­vation – ces derniers le sont actuelleme­nt par les seuls Cecos, au nombre de 29. Cela règlerait-il pour autant la question du nombre de dons ?

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Au centre d’étude et de conservati­on des oeufs et du sperme (Cecos) de Lyon, en 2010.
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Les délais pour obtenir un don de sperme vont de six mois à deux ans.

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