Propriétaires à tout prix
A Paris, comme dans les métropoles régionales, le marché de l’immobilier atteint des records. Malgré tout, la demande reste forte.
Ce n’était qu’une question de temps. A Paris, en septembre, le prix du mètre carré dans l’ancien est en passe d’atteindre 10200 € en moyenne. Un seuil symbolique qui devrait être confirmé jeudi par les notaires, et qu’annonçait déjà une note des professionnels franciliens datant de juillet et dévoilée récemment par Le Monde. Entre mars 2018 et mai 2019, les prix dans la capitale ont augmenté de 6,5 %, notamment portés par des conditions d’accès au crédit ultrafavorables – en juillet, les taux d’intérêt pour des prêts immobiliers piétinaient à 1,2%, selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA. A plus long terme, les chiffres donnent le vertige, avec une hausse sur dix ans avoisinant les 65%.
En province aussi
Mais une telle flambée signifie-t-elle que le prix de la pierre est surévalué? Pour l’heure, pas forcément. Car, malgré ces prix exorbitants, le nombre d’acquéreurs continue d’être largement supérieur au nombre de vendeurs. « Paris est une grande capitale mondiale dans laquelle on construit peu et où beaucoup de gens veulent habiter», rappelle le président de Century 21, Laurent Vimont. Et, selon Meilleursagents.com, Paris doit être comparé aux «mastodontes» que sont Londres et New York. Le mètre carré y atteint, en centre-ville, respectivement 13 500 € et 14 500 €. Ainsi, d’après Henri Buzy-Cazaux, président de l’Institut du management des services immobiliers, dans la capitale, «il n’y a ni surévaluation, ni spéculation (...) Les prix pourraient monter à 15 000 € le m2. C’est le prix de l’attractivité. » Une attractivité qui s’exerce bien au-delà du périph.
En dix ans, dans de nombreuses autres villes, les prix ont également augmenté : + 61 % à Bordeaux, + 55 % à Lyon, + 39 % à Nantes, + 34 % à Lille et Toulouse, + 31 % à Rennes… D’après Meilleursagents.com, les tensions y sont particulièrement fortes, puisque les 30-44 ans privilégient aujourd’hui l’installation en région. Au point que certaines villes sont devenues inaccessibles et, semble-t-il, surévaluées. Après cinq années de forte hausse pour atteindre jusqu’à 6000 € le m2, les tarifs dans la métropole de Bordeaux ont baissé de 0,4% sur un an. En cause? «Le niveau trop élevé atteint par les prix notamment en centre-ville, [qui] finit non seulement par poser un problème de pouvoir d’achat au niveau local, mais tend aussi à freiner les investisseurs», écrit Meilleursagents. com. Mais pour la majorité des métropoles, on se veut plus rassurant sur l’analyse de ces hausses. «La baisse des taux enregistrée depuis une dizaine d’années a plus que compensé l’évolution des prix immobiliers observée au cours de la même période », insiste Meilleursagents.com. A Lille, par exemple, «il suffit de trois ans pour que l’acquisition d’un logement se révèle plus rentable qu’une location. Soit deux fois plus vite qu’il y a dix ans », souligne la plateforme. Concrètement, un revenu médian y permet, avec un emprunt d’une durée de vingt ans, d’acquérir une surface moyenne de 53 m2.