20 Minutes (Bordeaux)

Le réveil des trains de nuit

Des élus tentent de relancer les liaisons ferrées nocturnes, moins chères et moins polluantes que l’avion.

- Fabrice Pouliquen

La gare du Nord, à Paris.

«Nous avons besoin d’un train de nuit Paris-Berlin.» Cet appel a été lancé le 16 août, puis repris lundi dans la presse allemande, par deux députés écologiste­s allemands et trois députés européens du groupe des Verts/ ALE (Alliance libre européenne), dont la Française Karima Delli, présidente de la commission transports du Parlement européen. Adressé aux ministres des Transports des deux pays, Elisabeth Borne et Andreas Scheuer, il plaide pour la réouvertur­e de la liaison quotidienn­e opérée par la Deutsche Bahn, mais fermée il y a bientôt trois ans. La raison avancée? Un lourd déficit sur ces trajets, justifiait la SNCF d’outre-Rhin.

L’exemple autrichien

«C’est toujours le même refrain, déplore Nicolas Forien, porte-parole du collectif Oui au train de nuit. En France aussi, le réseau a fondu comme neige au soleil [il ne resterait plus que six lignes à desservir les régions, contre une bonne dizaine en 2015]. La SNCF répétait que ces trains de nuit représenta­ient 25% du déficit des trains Intercités pour seulement 3% des voyages.» Mais, conteste le collectif, comparer les trains de nuit, pris pour des voyages longs, avec les autres liaisons Intercités, bien plus courts, n’a pas de sens. Surtout, il y a très peu de lignes de train en France à être dans le vert.» Le vent serait-il en train de tourner? C’est en tout cas ce que tend à montrer le pari réussi de la compagnie autrichien­ne OBB, qui, en octobre 2016, a repris, entre autres, la moitié des liaisons nocturnes de la Deutsche Bahn. Aujourd’hui, OBB comptabili­se 1,4 million de passagers par an, et affirme que la tendance à la hausse. Karima Delli n’est pas surprise de cet appétit général pour le train – la SNCF a connu une croissance de 7% cet été – et pour les lignes de nuit en particulie­r. La députée européenne évoque en premier lieu pour l’expliquer un faible impact environnem­ental, un atout qui fait mouche au moment où des Européens évoquent leur honte de prendre l’avion en raison de son lourd bilan carbone. «Sur un même trajet, le train peut être de 14 à 40 fois moins polluant que l’avion», compare Lorelei Limousin, responsabl­e des politiques de transport au sein du Réseau action climat (RAC). Et si, sur les prix, le train de nuit rivalise rarement avec un vol low cost, il «offre l’avantage de faire économiser une nuit d’hôtel, rappelle Karima Delli. Pas négligeabl­e quand on part en vacances avec un budget serré.» Ou quand on vit à Toulouse et que l’on doit être avant 11 h à Paris.

Reste à choisir les trains de nuit à relancer. L’Etat s’est engagé à se pencher sur la question dans un rapport qui sera remis en juin. Nicolas Forien et Lorelei Limousin, eux, ont déjà un plan de relance en tête. Le premier évoque le Paris-Berlin, ou le Paris-Barcelone; la seconde, des liaisons nationales comme Brest-Lyon. Le hic : un tel plan nécessiter­a de l’argent pour remettre sur les rails les lignes et proposer le confort moderne. Ne voilà-t-il pas à quoi pourrait servir tout ou partie de l’écotaxe sur les billets d’avion, qui, selon Elisabeth Borne, pourrait être instaurée dès l’an prochain ?

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OBB a, avec succès, raccroché les wagons du transport ferré nocturne.

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