La fièvre ne baisse pas
Le plan de la ministre de la Santé en faveur du secteur ne satisfait pas syndicats et personnels
Douze mesures, 750 millions d’euros sur la table… et beaucoup de questions. Lundi, Agnès Buzyn recevait les représentants des personnels et dirigeants hospitaliers, les syndicats et le collectif Inter-Urgences. Après deux séries d’annonces (mi-juin, puis début septembre), qui n’ont pas mis fin au mouvement social des paramédicaux des urgences, la ministre leur a dévoilé son «plan d’actions» pour la «refondation des urgences » (lire ci-dessous). Un plan inspiré des propositions du député (LREM) de Charent, Thomas Mesnier et du chef du Samu de Paris, Pierre Carli. Mais alors que cette nouvelle réunion semblait être celle de la dernière chance, le mouvement de grève, qui dure depuis six mois et touche la moitié des services d’urgences publics, ne semble pas près de s’arrêter, si l’on en croit les réactions recueillies par 20 Minutes.
« Une goutte d’eau »
«Cette somme [750 millions d’euros], c’est une goutte d’eau dans l’océan, s’offusque Patrick Bourdillon. Les urgences, c’est le haut de l’iceberg, mais tout l’hôpital est très malade. » Surtout, renchérit le secrétaire fédéral de la CGT Santé, «le principal manque, c’est de savoir d’où vont venir ces financements. Car, si c’est pour déshabiller un autre service, cela revient à transférer le problème. » Le mouvement de grève des paramédicaux avait été lancé avec trois mots d’ordre : un moratoire sur la fermeture des lits en aval, une augmentation de 300 € et 10000 postes en plus. Sur le premier point, la ministre y semble favorable, mais elle n’évoque pas une ouverture de lits dans les services. «C’est une bouffée d’oxygène, mais ce qui m’inquiète, c’est qu’elle a parlé de conditions, sans préciser lesquelles », relève Mireille Stivala, de la CGT.
Pour beaucoup, ce plan oublie l’essentiel, à savoir des effectifs supplémentaires aux urgences, et ailleurs. «Ouvrir un lit, cela veut dire embaucher», rappelle Christophe Prudhomme, représentant de l’Association des médecins urgentistes de France et de la CGT. Et, «s’il n’y a pas de médecins, d’infirmières, d’aides-soignantes en plus dans les Ehpad, par exemple, les personnes âgées continueront d’aller aux urgences, prévient Patrick Bourdillon. Dans six mois, on aura à faire face aux mêmes problèmes, surtout avec l’arrivée de la grippe.»
L’autre souci, c’est le manque de généralistes. «La ministre a commencé la réunion en expliquant que le vrai problème, c’était le manque de médecins traitants. Or, elle ne fait rien pour enrayer la désertification», s’agace JeanPaul Hamon, président de la Fédération des médecins de France. «Il n’y a rien sur les salaires, je ne m’en réjouis pas, mais je ne suis pas surpris», souffle Patrick Bourdillon. Et pour le collectif Inter-Urgences comme pour les syndicats, une augmentation salariale reste une condition sine qua non. Notamment pour rendre plus attractifs des métiers qui peinent à recruter.
Jugées trop «vagues», les mesures doivent être discutées ce mardi lors de l’assemblée générale du collectif InterUrgences.