20 Minutes (Bordeaux)

Evan Fournier est tout-puissant (aussi) en paroles

Le joueur français, qui affronte les Etats-Unis ce mercredi, assure sur le terrain par les gestes et les paroles

- Antoine Huot et Bertrand Volpilhac

Evan Fournier est un peu le joueur de basket qu’on aurait tous aimé être. Stylé dans ses dribbles, adroit au shoot et spectacula­ire quand il part au panier. Le tout avec une grande bouche. Disons-le comme on le pense, il est à lui seul une fantastiqu­e raison d’aimer cette équipe de France, opposée aux Etats-Unis en quarts de finale du Mondial, ce mercredi (13 h). Parce qu’il en est le meilleur joueur, certes, mais aussi le plus fêlé, le plus drôle, le plus excitant. Face à la République dominicain­e, en poule, alors que les Bleus menaient largement, il a balancé le ballon dans la tronche d’un adversaire un peu trop collant et manqué de se battre pour défendre son territoire. Après la victoire à l’arrache contre la Lituanie, il a chambré ses adversaire­s sur Twitter : « J’m’hydrate, un litre de seum dans la gourde. » Ceux qui le connaissen­t nous le disent tous : Evan Fournier est un mec simple et chambreur dans la vie, autant qu’un tueur sur le terrain. «Tu ne verras jamais Evan rigoler sur le terrain, nous racontait Maxime Nguyen, qui a connu le n° 10 des Bleus dans sa jeunesse, à Charenton (Val-de-Marne). En benjamin, il déconnait tout le temps dans les vestiaires, c’était le premier à faire des conneries. Mais quand il avait un ballon dans les mains, c’était plus la peine de chercher à faire des blagues. Il y avait un temps pour tout. » «Il a ce côté, qui n’est pas habituel en France, d’être capable de dire : “Je pense que je suis le meilleur du monde”, dont il a besoin pour exceller et qu’il assume, complète Bastien, du compte Twitter TrashTalk, qui se nourrit à l’année des péripéties du joueur d’Orlando. Il est de la génération 1992, celle qui vit des réseaux sociaux et qui peut prendre les choses légèrement. Il sait quand être sérieux et ne pas l’être. » La plus belle anecdote à ce sujet est racontée par un certain Hugo. Sur Twitter, ce jeune homme s’amusait à vanner la calvitie plus que naissante d’Evan Fournier. Et «le dégarni de Charenton » s’est mis à régulièrem­ent lui répondre, toujours avec second degré. « Un jour, Evan a fait un post sur Instagram où il disait que, s’il arrivait à un certain nombre de followers, il m’invitait à Orlando, détaille Hugo. Et il a tenu parole. J’y suis allé une semaine, j’ai vu deux matchs du Magic et Evan m’a aussi invité chez lui. Quand je suis arrivé, il m’a dit : “Alors, on parle moins que sur Twitter.”» Marrant. Evan Fournier est l’un de ces nouveaux noms du sport français, comme Julian Alaphilipp­e ou Kevin Mayer, dont le potentiel sportif, autant que ce qu’il dégage humainemen­t, pourrait faire une potentiell­e rock star. «Evan, c’était quelqu’un de déterminé, bosseur, il savait ce qu’il voulait, développe Jeffrey Dalmat, ex-partenaire de Fournier à Poitiers, en 20102012. A 18-19 ans, il avait déjà une personnali­té très affirmée, avec un tempéramen­t de leader. »

C’est sans doute pour ça qu’il est devenu le principal atout offensif des Bleus depuis le départ de Tony Parker. Le tueur à qui l’on donne le ballon quand on ne sait plus quoi en faire. «C’était Tony avant, c’est Evan maintenant, commentait Nicolas Batum après le match face à l’Allemagne. On le sait très bien collective­ment : à la fin, il faut tout faire pour rendre la vie plus facile à Evan.»

« A 18-19 ans, il avait une personnali­té très affirmée, avec un tempéramen­t de leader. » Jeffrey Dalmat, ex-coéquipier d’Evan Fournier à Poitiers

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Evan Fournier.

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