CPE pour le pire, et surtout le meilleur
Héros du film « La Vie scolaire », le conseiller principal d’éducation est le garant du bon climat d’un établissement
C’est l’histoire de Samia, conseiller principal d’éducation (CPE) dans un collège de Seine-Saint-Denis, qui ne ménage pas ses efforts pour éviter à Yanis, un élève en difficulté, de décrocher. La Vie scolaire, film de Grand Corps malade et Mehdi Idir sorti le 28 août, cartonne dans les salles avec 776000 entrées en deux semaines d’exploitation. Ce long-métrage met en lumière le métier de CPE, qui demeure assez mal connu du grand public. «On nous prend généralement pour des “super-pions”. On pâtit de l’héritage du “surgé” [surveillant général], alors que notre métier ne se borne pas à faire appliquer le règlement intérieur de notre établissement», explique à 20 Minutes Christine, CPE dans un lycée technologique du Nord. De fait, les CPE organisent aussi tous les moments où les élèves ne sont pas en classe, encadrent l’équipe des assistants d’éducation, gèrent les absences et les retards des élèves, pilotent des projets culturels, accompagnent les élèves qui ont des difficultés sociales ou familiales… «On nous demande d’être à la fois pompier, magicien, administratif, etc. Impossible de s’ennuyer dans ce métier», résume Christine. « Le CPE a une réelle influence sur le climat scolaire», estime de son côté Etienne, qui exerce dans un lycée professionnel des Hauts-de-France. Et, parfois, il se mue en confident : «Lors de ma première année d’exercice, j’ai été confrontée à une jeune fille qui sortait avec beaucoup de garçons et souffrait de l’image que certains élèves lui collaient. Nous avons beaucoup parlé de la notion de consentement, du rapport au corps… Et elle m’a assuré que nos discussions l’avaient aidée à se sentir mieux», relate celle qui se fait appeler Mme La CPE sur Twitter. «Certains élèves me confient leurs chagrins d’amour, me demandent des conseils pour leur orientation… Ils me perçoivent comme quelqu’un qui a de l’autorité et qu’il ne faut pas décevoir», confie de son côté Pénélope.
Mais le quotidien des CPE est loin d’être idyllique. Les rapports avec les parents d’élèves peuvent être conflictuels, glisse Pénélope : «Certains abondent dans notre sens. D’autres contestent les sanctions que l’on a données à leurs enfants. On récupère leurs frustrations vis-à-vis de l’Education nationale.» Et leurs fonctions ne sont pas toujours valorisées comme elles le devraient : «Les chefs d’établissement ne reconnaissent pas toujours notre efficacité, alors que l’on se donne à 200%», estime Pénélope. Des frustrations qui ne gomment pas leurs satisfactions professionnelles : «Quand la majorité d’une classe obtient le bac, on se dit que l’équipe pédagogique dont on fait partie a réussi sa mission», affirme Etienne.
« On nous demande d’être pompier, magicien, administratif... » Christine, CPE