«Il peut y avoir de la solidarité entre femmes!»
Geena Davis est venue présenter à Deauville «Tout peut changer», un documentaire qu’elle produit
Geena Davis fait partie des stars honorées au Festival du cinéma américain de Deauville (Calvados), qui se tient jusqu’à dimanche. On l’y célèbre non seulement pour sa carrière de comédienne (La Thelma de Thelma et Louise, c’était elle), mais aussi pour son combat pour une meilleure représentation des femmes à Hollywood. Le passionnant documentaire Tout peut changer, de Tom Donahue, qu’elle a produit, sortira dans les salles françaises le 8 janvier. Il couronne un parcours riche en bons films. « J’ai commencé ma carrière en slip et soutien-gorge dans Tootsie avec Dustin Hoffman. Je ne le regrette pas, car la liberté pour une femme est aussi de pouvoir choisir de jouer en sous-vêtements, mais il faut qu’elle puisse faire autre chose. »
La défense des droits. Geena Davis a créé sa propre société de production et le Geena Davis Institute on Gender in Media, organisation destinée à améliorer la place et la représentation des femmes sur le grand et le petit écran. « Bien sûr qu’il peut y avoir de la solidarité entre femmes, cela me tape sur les nerfs quand les gens prétendent que c’est impossible ! assure-t-elle. Des mouvements comme #Time’sUp prouvent qu’on peut faire front commun pour défendre nos droits.» Les progrès sont lents selon la comédienne, qui s’agace de voir que les mentalités mettent tant de temps à changer.
Le droit de se plaindre. « La grande avancée est que, maintenant, les femmes ont le droit de se plaindre sans se faire virer, mais il y a encore beaucoup à faire pour obtenir l’égalité pour ce qui est du respect et de l’égalité salariale. » Geena Davis lutte avec une belle énergie pour permettre aux femmes de s’exprimer. Elle a créé un festival de cinéma à Bentonville, dans l’Arkansas. « Nous avions une sélection comptant 86% de réalisatrices en mai, dit-elle. C’est une question de volonté et de choix.» La comédienne n’entend pas se laisser dicter les siens. Dans la série « Glow », c’est elle qui a demandé à apparaître couverte de plumes et de paillettes en show girl sexy.
La parité en festival. Geena Davis croit à la parité dans les sélections. Elle cite un festival de courts-métrages australien dont l’exemple l’a marquée. « Les sélectionneurs avaient enlevé les noms des réalisateurs et ils sont arrivés à une parité parfaite alors que, lors de l’année précédente, seulement 17 % de réalisatrices étaient retenues, explique-t-elle. Cela démontre que les talents féminins ne manquent pas, mais que les femmes subissent une vraie discrimination. » La comédienne est résolue à ce que cela cesse. A Deauville, elle a même rencontré des membres du collectif 50/50 en 2020 pour échanger leurs points de vue.
Le sens de l’humour. Son engagement en faveur des femmes n’a pas entamé le sens de l’humour de Geena Davis. «J’ai été surprise quand j’ai vu sur mon planning que j’allais avoir une cabine de bain à mon nom, s’amuse-t-elle. Il a fallu qu’on me montre une photo de Cate Blanchett inaugurant la sienne pour comprendre de quoi il s’agissait. » Cette femme engagée mérite de figurer en bonne place sur les planches de Deauville. De notre envoyée spéciale Deauville, Caroline Vié
«Il y a encore beaucoup à faire pour l’égalité des salaires. » Geena Davis