Un système à la rue
Deux mois avant la trêve hivernale, de nombreuses familles se retrouvent déjà sans solution de logement. Les centres sont saturés ou mal adaptés.
Une situation inédite. Deux mois avant le début de la trêve hivernale, 2 000 personnes seraient déjà sans solution de logement dans la capitale, selon Emmaüs. Et d’autres grandes villes seraient concernées, explique Florent Guéguen, directeur général de la Fédération des acteurs de solidarité (FAS).
Le Samu social a annoncé que l’hébergement d’urgence était déjà saturé à Paris, et que 400 familles et 130 personnes seules étaient laissées chaque jour sans solution, livrées à la rue. La situation est-elle aussi critique dans d’autres villes ? C’est le cas, oui, à Toulouse, Rennes, Nantes, Lyon, Bordeaux et Marseille. Et lorsqu’il n’y a plus assez de places dans les centres d’hébergement, on loge les personnes à l’hôtel, avec un coût faramineux pour l’Etat, environ 300 millions d’euros par an. Or, les hôtels sont eux aussi saturés. D’où la prolifération des campements de fortune. Comment expliquer cette pénurie de places dès septembre ?
La situation est déjà explosive, car il y a un déficit permanent de places d’hébergement et que les sans-abri y restent de plus en plus longtemps, faute d’être orientés vers un logement. Pourquoi de plus en plus de familles sont-elles en situation de mal-logement ?
On peut citer la cherté des loyers, la précarité de certains emplois, l’absence de fluidité du logement social, les expulsions locatives. Par ailleurs, certaines familles migrantes sont en attente de leur régularisation, ce qui ne leur permet pas de postuler à un logement social (lire ci-contre).
Le gouvernement a pérennisé
6 000 places d’hébergement d’urgence après la trêve hivernale : c’était insuffisant ?
Oui. C’est pour cela qu’il est indispensable que la loi de finances 2020 prévoie a minima 5000 places pérennes supplémentaires en Ile-de-France. Les départements doivent aussi accepter de cofinancer avec l’Etat des centres d’hébergement dédiés à l’accueil des mères seules avec des jeunes enfants. Mais la question n’est pas que budgétaire. Le problème est aussi foncier. Il est difficile de trouver des bâtiments à Paris et en petite couronne pour loger des sans-abri. Il faut inciter les collectivités locales à accepter les centres d’hébergement. Ce qui n’a rien d’évident en période préélectorale.