Contre les trafics, l’exécutif dégaine 55 mesures
Le gouvernement a dévoilé mardi une série de 55 mesures davantage répressives que préventives
Plus de trois milliards d’euros par an, c’est ce que génère, selon les autorités, le trafic de drogue chaque année en France. Son coût sanitaire, lui, est estimé à huit milliards d’euros. Les efforts entrepris par la police et la gendarmerie ne suffisant plus, «une réforme était devenue nécessaire, impérative, même», a souligné le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, mardi à Marseille, où il a dévoilé un nouveau plan antidrogue de 55 mesures. La plus emblématique? Le remplacement de l’OCRTIS (Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants), dont la réputation a été entachée ces dernières années par une série de scandales, par l’Ofast (Office antistupéfiants). Cette structure, qui comptera 150 enquêteurs, aura pour mission de centraliser les informations recueillies par l’ensemble des unités luttant contre le trafic de drogue et de « coordonner » leur action. Disposant de 16 antennes réparties sur tout le territoire, l’Ofast devrait être opérationnel dès le 1er janvier. Il sera dirigé par une contrôleuse générale, Stéphanie Cherbonnier, actuelle conseillère « justice » du directeur général de la police nationale. Ellemême sera secondée par le procureur de Bayonne, Samuel Vuelta-Simon. Autre objectif du plan : «améliorer la collecte et le partage de renseignement ». Pour cela, le premier flic de France compte pour cela s’appuyer sur les 28 cellules du renseignement opérationnel contre les stupéfiants (Cross) déjà existantes et les 3 nouvelles qui devraient être opérationnelles d’ici à la fin de l’année.
Par ailleurs, le locataire de la Place Beauvau souhaite s’attaquer plus lourdement «au patrimoine des dealers, qu’il s’agisse des grands pontes ou des petites mains». «Aujourd’hui, sur 500 millions d’avoirs criminels saisis, seulement 10% sont issus des trafics de stupéfiants», déplore-t-il. Avant d’ajouter : «Lutter contre la drogue, c’est lutter pour nos territoires.» Comment? «En éloignant plus systématiquement les trafiquants » des quartiers, en lançant une plateforme d’appels permettant aux habitants de signaler les points de vente et, enfin, en lançant une «grande campagne de sensibilisation» afin de « casser l’image festive et joviale de la drogue », « alerter sur les risques sanitaires et rappeler les sanctions pénales encourues».
Alors que plusieurs pays européens ont dépénalisé l’usage de cannabis (de loin la drogue la plus consommée en France, 30 t sont importées chaque mois), le gouvernement fait donc le pari de la répression davantage que celui de la prévention.
Une plateforme d’appels permettant aux habitants de signaler les points de vente va être lancée.