20 Minutes (Bordeaux)

Céline Sciamma érige l’amour en modèle

La réalisatri­ce propose avec «Portrait de la jeune fille en feu» un film en costumes d’époque d’une rare modernité

- Stéphane Leblanc

C’est une histoire d’amour qui résonne de la plus belle des manières, un portrait en costumes du siècle, traité avec une ardeur contempora­ine, comme le titre du film de Céline Sciamma, Portrait de la jeune fille en feu, le laisse présager. Hostile au mariage qui la destine à un homme qu’elle n’a jamais vu, la jeune fille en question (Adèle Haenel) refuse de se laisser tirer le portrait. Sa mère recrute une jeune femme comme dame de compagnie (Noémie Merlant) chargée de la peindre en secret. Voilà pour le pitch qui sent bon les robes en taffetas, la mousseline de soie… mais pas la naphtaline. Au Festival de Cannes, Céline Sciamma confiait avoir longtemps cherché « l’alchimie qui produirait le résultat escompté », à savoir un film sur un amour aussi incandesce­nt qu’intemporel. Cette alchimie, Céline Sciamma la doit à une histoire truffée de dialogues drôles et directs, qui a valu au film le prix du scénario à Cannes, ainsi qu’à la complicité entre ses deux interprète­s (lire l’encadré). A Cannes, Céline Sciamma a insisté sur son « envie de faire un film d’amour, de raconter pas à pas ce que c’est que de tomber amoureux ». Elle joue ainsi sur les gestes, les regards comme celui que pose une peintre sur son modèle ou celui que pose la réalisatri­ce sur ses deux interprète­s. Avec l’idée qu’un dialogue amoureux peut naître de ce jeu de regards. Alors oui, c’est un film en costumes. Mais « tous les films sont en costumes», note malicieuse­ment Céline Sciamma, qui souligne qu’«on peut avoir l’illusion romantique que certains sont plus proches de la vie, mais tous les films sont fabriqués». Alors oui, il y a en toile de fond «le projet de parler du travail de femmes peintres comme Vigée-Lebrun ou Gentilesch­i, à l’origine d’une véritable ébullition artistique féminine au siècle », selon Céline Sciamma, qui s’est beaucoup documentée pour éviter les anachronis­mes. Et la cinéaste d’ajouter : « Plus que la reconstitu­tion d’une époque ou des costumes, celle qui m’importait le plus était celle du coeur, des âmes et des corps de ces femmes ».

«J’avais envie de raconter pas à pas ce que c’est que de tomber amoureux. »

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Noémie Merlant (à g.)et Adèle Haenel incarnent une peintre et son modèle, au siècle.

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