Le «paquito» de fans français fait sensation au Japon
Dans le métro, les fans des Bleus ont créé une polémique en faisant un « paquito »
La vie est faite de choix. Comme celui de rentrer du match France-Argentine, samedi, en métro plutôt que dans le car affrété pour les journalistes. Ce qui nous a permis d’être au plus près des festivités des supporters français. Leur fait d’armes? Avoir fêté la victoire des Bleus en formant un « paquito » (photo ci-contre) au beau milieu d’une rame. L’ambiance était bon enfant, si bien que les voyageurs tokyoïtes ont snobé les wagons voisins pour embarquer dans la rame folle. L’un d’entre eux, entraîné par les « Nippon, Nippon, Nippon ! » de nos Français, a même trouvé le courage de se jeter à corps perdu dans ce que la chaîne Fuji TV qualifiera gracieusement de «tapis roulant humain ». Ça, c’est pour le « paquito » gentil. Il y en a eu au moins un autre qui n’a pas été loin de provoquer un incident diplomatique. A une heure différente, des supporters français se sont distingués de la même manière, avec, cette fois-ci, quelques fausses notes. Comme quand le capuchon de l’objectif d’un appareil photo appartenant à une Japonaise s’est envolé après avoir fait la rencontre d’un pied français. Sur Twitter, elle a décrit des fans tricolores particulièrement excités, dont l’autre tort a été de poser les pieds sur les sièges.
«Je trouve ça futile, explique Eric, qui était du “premier paquito”. Quand t’es pays hôte, tu fais ce choix pour montrer au monde ta culture et t’acceptes d’être confronté à celle des autres. Si le prix à payer, c’est 15 zouaves assis par terre, ça ne mérite peut-être pas qu’on fasse venir l’ambassadeur.» Sauf que, au Japon, ça ne passe pas trop. Le métro est un lieu silencieux, où le fait de grignoter peut vous coûter des regards noirs. Encore plus si vous êtes un gaijin (étranger). Pourtant, Nicolas Kraska, rugbyman français expatrié dans l’Archipel, assure que, pour « les Japonais qui sont au courant du Mondial, fans de rugby, c’est limite leur rêve de faire un “paquito”, ils sont trop contents». Le «paquitogate», c’est finalement l’histoire de deux cultures qui entrent en collision pour provoquer un big bang d’incompréhension. «Ceux qui ne savent pas vraiment qu’il y a une Coupe du monde sont choqués, ou du moins gênés, par le bruit, le désordre », reprend Kraska. Ce qui ne semble pas perturber Eric. Quand on lui a demandé s’il referait un « paquito », la réponse du supporter du XV de France était formelle : «La question, c’est : “Serez-vous dans notre rame quand on le refera?” »
« Les Japonais qui sont au courant du Mondial, c’est limite leur rêve de faire un paquito. » Nicolas Kraska, joueur français de rugby au Japon